Indigestion de Fronts

Publié le 22 mars 2011 par Jlhuss

La politique confine souvent à l’irrationnel; ce qui fait aussi son charme. Elle s’arcboute avec délice autour de symboliques; la force des symboles n’est bien sûr pas à négliger.
C’est bien dans cette catégorie de la symbolique que s’insère l’actuelle cacophonie sur le fameux « Front Républicain »

Il y a beaucoup d’effets posturaux dans cette dialectique qui occupe journaux et écrans depuis dimanche soir. Comme si les responsables politiques, les journalistes, les commentateurs, découvraient tout à coup le FN. Ce parti protestataire a pourtant émergé depuis 1984 et les leçons du passé ne semblent pas encore assimilées. Bien sûr  le séisme de 2002, avec un candidat socialiste éliminé du deuxième tour, a marqué les esprits. Mais il faudrait aussi se rappeler dans quelles conditions de division à gauche ce résultat fut enregistré.

Laurent Fabius, toujours à propos du FN, avait eu en son temps une phrase étonnante de sincérité tout autant qu’ambiguë : « Le FN pose les bonnes questions et apportent les mauvaises réponses » C’est bien des “réponses” aux question qui préoccupent dont il s’agit en effet.
Mais la deuxième erreur d’analyse consisterait à croire que la progression actuellement enregistrée du FN aux couleurs “Bleu Marine” serait liée aux problèmes de l’immigration, de l’Islam, plus globalement de « l’étranger ». Cette erreur est commise par les représentants de la droite comme de la gauche.
Certes, ces questions représentent le « fond de sauce » du ragoût FN. Mais cet élément de propagande est tellement incorporé à la gestuelle frontiste que Marine Le Pen peut, à la limite, se dispenser d’en remettre une louche. C’est bien là que le changement avec le père est survenu.

Si le FN enregistre ce succès  actuel, c’est en particulier par son slogan ravageur « UMPS » Il n’est rien d’autre que le renvoi dos à dos des deux principales formations de gouvernement, une négation poujadiste du « système » N’oublions d’ailleurs jamais que Jean-Marie Le Pen fut pour la première fois élu député en 1954 sous l’égide de Poujade et du « sortez les sortants »
Quand, par effet de manche, en recherchant la symbolique posturale, les voix s’élèvent pour réclamer le « front Républicain » ; elles ne font que renforcer le slogan Frontiste « UMPS » avec sa connotation « tous les mêmes, tous pourris, tous dans la même gamelle … », j’en passe. C’est accréditer l’idée que finalement les différences sont ténues et que l’intérêt se porte essentiellement vers des « positions » acquises à conserver plus que sur les soucis éprouvés par le peuple.

Soyons clairs. Le danger pour la démocratie et pour nos départements n’est pas tel qu’il faille sonner le tocsin et prendre le maquis. Ceux qui entretiennent cette illusion sont malhonnêtes et ne font qu’abreuver l’hydre. Même si par hasard le FN gagnait quelques cantons ici ou là, ou serait le danger ? Il est même possible d’y découvrir quelques avantages : en surveillant à la loupe leurs déclarations dans ces assemblées, leurs votes, leurs incohérences, on pourrait rapidement démontrer l’incompétence, démasquer le leurre. Dans un passé pas si lointain, certaines villes furent gagnées par le FN (Dreux, Vitrolles, quelques autres), aucune ne se laissa aller à les reconduire si ce n’est à la porte ! Jamais le FN n’a pu franchir le cap décisif de la réélection.
Enfin, enregistrant l’abstention de dimanche dernier, on mesure le peu d’audience réelle des formations politiques ; les consignes de report ne sont que des postures à visée spectaculaire mais à peu près sans impact réel. Il y a bien longtemps que l’électeur a appris à utiliser le zapping ! Il serait donc urgent d’arrêter les effets de manche pour essayer de répondre aux questions sur ses valeurs clairement énoncées et pas par rapport aux autres. N’ayons aucune illusion, la semaine qui s’annonce ne sera faite que de postures et pas de réponses.

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