Avec tout le respect (car bien entendu les qualités des personnes concernées ne sont pas en cause) que nous devons à Charles Coppolani (qui sera le Président de l’Observatoire) et à Hélène Gisserot (Présidente du comité consultatif pour l’encadrement des jeux et du jeu : COJER et qui sera aussi membre de l’ODJ) il semble que nous avons là à faire davantage à une Commission, à un COJER bis, qu’à un Observatoire scientifique des jeux de hasard.
L’ODJ apparaît en outre strictement mono-disciplinaire et centré uniquement sur le jeu pathologie maladie. On s’interrogera sur la symbolique engagée par ce choix pour l’économie des jeux et pour les opérateurs de jeux en ligne et en dur. On voudrait faire apparaître les opérateurs comme des dealers – Française des jeux et Etat Croupier en tête - qu’on ne s’y prendrait pas autrement. Ne parlons même pas de l’image associée faisant apparaître les millions de français qui jouent, comme des drogués du jeu. Image désastreuse et surtout fallacieuse.
Souhaitons beaucoup de courage à nos trois «collègues» addictologues, professionnels de la lutte contre l’addiction au jeu, dont le cumul des fonctions rassure et souligne une grosse capacité de travail… Souhaitons surtout que les pouvoirs publics sachent revoir leur copie pour que l’ODJ soit plus représentatif, et/ou se dote de moyens ambitieux afin d’ externaliser des recherches pluridisciplinaires indépendantes sur les pratiques de jeu de nos concitoyens et la socialisation ludique contemporaine. Si l’Etat et la Majorité ont enfin le courage de jouer franc jeu et de ne pas tricher sur ce volet recherches, du dossier gambling, ils seront gagnants au bout du compte et éviteront bien des critiques, contentieux et polémiques ultérieures, au niveau national et européen.
Si l’Opposition revient aux affaires, elle pourra également s’appuyer sur les travaux de cet Observatoire revisité, pour mener à bien sa politique des jeux. Dans cette perspective la Classe Politique dans son ensemble ( et notamment les parlementaires et sénateurs qui ont travaillé sur le dossier, les maires des villes casinos…) devrait pouvoir se mobiliser en faveur d’un véritable Observatoire des jeux. Les opérateurs de jeu pourraient également le faire, s’ils ne veulent pas que le produit particulier qu’il commercialise soit systématiquement et de plus en plus assimilé à une substance nocive. JP Martignoni sociologue (*)
Lyon ( France) le 21 Mars 2011
(*) Président Fondateur, il y a dix ans, de l’Observatoire des jeux, avec Marc Valleur (Directeur de Marmottan) et Christian Bucher (Psychiatre). Sur cet historique confer notamment les textes : " Prolifération des jeux d'argent, misère de la recherche " (Les Echos , « le point de vue de JP Martignoni», 25 Juin 2001,60) ; “Un Observatoire pour une politique des jeux ” (Espaces tourisme & loisirs n°210, décembre 2003, 16-20) ; « La nécessité d’une réelle politique des jeux « (Les Echos du 26,27décembre 2003, p.10, “Idées” « le point de vue de « )
(1) JP Martignoni : « L’Observatoire des jeux de hasard et d’argent ne doit pas être un Observatoire Croupion » (11 pages, mars 2011)
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