Pauillac, cuvée césium 2000

Publié le 22 mars 2011 par Edgar @edgarpoe

On trouve partout des infos sur le nucléaire en ce moment. Y compris des retours sur des incidents antérieurs. Par exemple celui de la centrale du Blayais survenu en décembre 1999.

Maintenant que la centrale de Fukushima semble devoir tenir bon, que la sidération, qui fait oublier la distance, s'amoindrit, on peut enfin accabler les japonais. Notre bon journal du soir éditorialise donc : "l'insuffisance des mesures de sécurité de ses centrales nucléaires [du Japon] en prévision d'un séisme et d'un tsunami de cette ampleur est irresponsable, sinon coupable".

Doit-on comprendre que jamais cela ne pourrait arriver chez nous ?

L'actualité fait donc ressortir cet article de Sud-Ouest des archives : en décembre 1999, après une tempête, la centrale du Blayas a connu un incident pas complètement éloigné de ce qui s'est passé au Japon. Et sans tremblement de terre.

Pas grave, si la centrale avait réellement connu des problèmes, on stérilisait une zone de 20 kilomètres à la ronde et puis voilà.

Ce qui est amusant c'est de prendre une carte pour voir ce que contient ce cercle de 20 kilomètres autour de Braud-et-Saint-Louis. On trouve des noms comme : Pauillac, Saint-Estéphe, Marbuzet,  Mouton-Rothschild, Pichon-Longueville...


Les cuvées 2000 et suivantes, dans le bordelais, ont donc sérieusement failli avoir un bon goût de césium, à côté de tanins plus aromatiques.

Je ne suis pas un fanatique de l'écologie, bien des écolos me semblent trop puritains pour être honnêtes. Mais malgré les assurances des experts, je suis assez favorable à une réduction de la part du nucléaire dans la production française.

Je comprends cependant un argument pro-nucléaire, même si celui-ci est rarement exprimé : abandonner le nucléaire serait laisser tomber l'un des derniers grands programme nationaux volontaristes français.

La SNCF est démantelée ou transformée en compagnie aérienne, ce qui revient au même ; l'éducation nationale supprime quelques milliers de postes par an, on sait bien que si le programme nucléaire français était abandonné, Bruxelles veillerait à ce que les choix énergétiques futurs soient laissés au privé.

Les ingénieurs français, l'Etat, seraient parfaitement capables de définir des plans volontaristes en matière solaire, ou dans l'éolien, ou la biomasse. Si nous fonctionnions encore librement, des sociétés publiques auraient été créées avec mission de réduire sur trente ans la part du nucléaire en France. Comme cela a été fait autour du CEA dans les années 50. Aujourd'hui nous en sommes empêchés par notre appartenance à l'Union européenne, qui nous oblige par exemple à verser à des sociétés privées, sans contrôle, un quart des bénéfices du choix nucléaire. Bénéfices qui auraient pu financer pas mal de R&D publique.