Pour être honnête, si je n’avais pas été contacté par Babelio pour chroniquer ce polar, il n’est pas sûr du tout que je l’aurai choisi spontanément dans une librairie ou à la bibliothèque… Déjà le titre ne semble rien augurer de bon (pour une fois la traduction n’est pas pour grand chose, car la version originale ne vaut guère mieux : A Beautiful place to die…) D’autant plus que la quatrième de couverture aurait achevé de me dissuader en temps normal. En effet, quand je lis en gros :
« Un premier roman fantastique qui se lit d’une traite : j’ai adoré ce portrait habile de l’apartheid en Afrique du Sud ! »
j’ai plutôt tendance à prendre mes jambes à mon cou et me méfier de ce qui a tout l’air d’être une ruse marketing…
Et j’aurai eu tort ! Car j’ai effectivement dévoré ce roman en un petit week-end tout juste ! L’histoire n’est certes pas d’une originalité folle, mais est intéressante, au moins, pour le contexte dans lequel elle se déroule. Certes, on a affaire à ce qui pourrait être un banal polar : un policier blanc, le capitaine Pretorius, se fait tuer dans une province sud-africaine et on charge un inspecteur d’une grosse ville de venir résoudre le crime. Classique. On se doute aussi que le coupable ne peut pas être un Noir ou un Métis, même si tout porte à le croire, sinon ce serait trop facile. De nouveau classique. Là, où ça devient intéressant, c’est que le drame se déroule au début des années 50 dans une Afrique du Sud qui commence à entrer officiellement dans l’Apartheid, même si de nombreux sud-africains en connaissent déjà les affres depuis longtemps. Et on découvre qu’à côté de l’antagonisme Blanc/Noir, existe également une opposition entre descendants d’Hollandais et de sujet de sa Majesté. Ce qui va naturellement compliquer la tâche de l’inspecteur Cooper, citadin d’origine britannique, perdu dans une bourgade campagnarde afrikaner. Si on ajoute à cela le climat international de l’époque – pour faire simple, la menace communiste s’étend aussi au continent africain – et les guerres politiques entre les différents services de sécurité et de police, on comprend que l’enquête s’annonce particulièrement difficile à mener. D’autant plus que le capitaine Pretorius, semblait mener une double vie, qu’il tenait absolument à préserver…
Rajoutez à cela, une écriture limpide qui se laisse dévorer d’une traite et on ne peut que tomber sous le charme ! Seul petit bémol toutefois : la fin un peu bâclée… on mettra ça sur le compte d’un premier roman, d’une erreur de jeunesse. Mais on ne s’attend quand même absolument pas à l’identité du coupable. Ce qui ne peut que faire un bon roman policier. Peut-être même un des meilleurs que j’ai lus depuis longtemps de ce point de vue. Jusqu’au bout, l’auteur aura distillé les indices pour nous aiguiller dans une direction plausible, mais qui n’était pas tout à fait la bonne. A lire d’urgence donc, vous ne le regretterez pas ! D’autant qu’on s’attache à l’inspecteur Emmanuel Cooper, qui reste encore bien mystérieux… Et il n’est pas sûr que la prochaine enquête nous permettent de mieux cerner le personnage… Ce qui n’est pas plus mal, car ce n’est pas le genre d’enquêteur dont on se lasse vite !