Marmots et popotte
L’ambiance du film est une vraie réussite. Demoiselles peroxydées, capilo-choucroutées, jupes courtes et chemisiers à carreaux qui nous plongent illico dans les sixties.
Des femmes qui, dans les ateliers d’assemblage textiles Ford, enchaînent les heures sup pour finir les banquettes des voitures américaines. Et qui, une fois rentrées à la maison, doivent s’occuper des marmots, faire la popotte et repasser les chemises de monsieur. Double journée ? Double peine surtout puisque, à l’usine, elles gagnent 15% de moins que leurs homologues masculins.
Une injustice qui devient insupportable pour les 187 femmes des ateliers. Ni une ni deux et une grande gueule plus tard, trois semaines de grève auront raison de cette aberration.
Dans le rôle de la meneuse, Sally Hawkins, déjà aperçue dans le film Be happy où elle interprétait la fantasque institutrice Poppy en 2008… Deuxième bon point de ce film ! On se régale à la voir évoluer au gré du combat, à la fois fragile et déterminée, minette et forte femme. Touchante en graine de militante.
Historique
Il faudra bien sûr déjouer les mauvais tours des syndicats, ne pas rebrousser le chemin cabossé du progrès social. Sur cette route pleine d’embûches, d’autres personnalités cruciales : une jeune femme, jeune et jolie, qui voudrait que ses brillantes études lui servent à autre chose qu’à servir le dîner de son mari, et surtout Barbara Castle, secrétaire d'Etat à l'Emploi et à la Productivité de l’époque, dont le coup de main fut décisif. Son action aboutira en 1970 à l'Equal Pay Act qui contraint les employeurs à rémunérer également hommes et femmes.
Un film dans la pure tradition de la comédie sociale à l’anglaise qui rend les travailleuses drôles, sexy et émouvantes !
Un film pas toujours très nuancé, plein de bons sentiments, mais finalement le message passe.
Il donne audace et énergie à l’heure où, en France, il existe toujours des inégalités de salaires entre hommes et femmes (en 2009, les femmes gagnaient 27 % de moins que les hommes. L’écart est de 19% pour des temps complets et 10 % à poste et expérience équivalents selon l’Observatoire des inégalités). A l’heure aussi où, au contraire, on se pose la question d’un congé paternité obligatoire pour les hommes… Oui, il reste quelques combats à mener… Et l’Histoire (et ce film !) prouve que rien n’est impossible. Entraînant et vivifiant !