Au lendemain du premier tour des élections cantonales, la percée du Front National et le taux d’abstention historique pourraient apparaître étonnants. Pourtant ce n’est malheureusement pas le cas, et c’était même prévisible. Depuis plusieurs semaines, le FN est régulièrement au cœur de l’actualité, qu’il s’agisse de la vie interne du parti ou de ses différentes prises de positions. Sa présidente est devenue l’invitée quotidienne des médias afin de commenter l’actualité, alors que cela n’était que rarement le cas auparavant.
La présence au second tour de ces élections du candidat du FN dans 394 cantons n’est pas étonnante pour plusieurs raisons. La première est largement liée à la crise économique et sociale que nous connaissons. Au cours des deux dernières années, les réponses à cette crise ont surtout été dirigées vers le système financier, oubliant d’aider les plus faibles, qui en subissent pourtant le plus violemment les conséquences. Dans ce contexte, les réponses véritablement simplistes, qu’apporte le FN séduisent.
La seconde raison est la stratégie irresponsable et kamikaze de l’UMP et de Nicolas Sarkozy, qui pour des raisons électoralistes, reprennent les thèmes et les termes utilisés jusqu’alors uniquement par le FN. Le discours raciste et xénophobe est alors banalisé et l’incapacité du gouvernement à répondre aux attentes des Français pousse bon nombre d’entre eux à préférer « l’original à la copie ». A force de chercher des boucs émissaires au lieu d’assumer ses responsabilités, et d’attiser jour après jour la compétition de tous envers tous l’UMP a une responsabilité lourde dans cette situation. Il est donc parfaitement scandaleux, que ceux-là même qui construisent la montée en puissance du FN, refusent aujourd’hui d’en assumer les conséquences en refusant notamment tout front républicain.
De plus, si beaucoup de choses changent en apparence au FN, le fond du discours reste le même. Et l’entrée du FN sur le terrain de la laïcité et de l’interventionnisme économique ne doit pas faire oublier que le discours de Marine Le Pen reste anti républicain, car remettant purement et simplement en cause la devise de notre pays. Distingué les français en fonction de leur naissance, sortir de l’Union Européenne et faire de la France un pays à la périphérie du monde, la mise à mort du tissu associatif et culturel restent au cœur du programme du Front National
Le projet de société que porte le FN est rétrograde, liberticide, autoritaire, discriminatoire et nous savons qu’il est une mauvaise réponse… à de bonnes questions. En effet, les questions posées par Marine Le Pen interpellent, et à ce titre elles méritent d’être posées. Elles doivent donc être l’occasion pour la gauche de démontrer point par point que notre projet est le mieux à même de répondre aux impératifs de solidarité, d’égalité, de fraternité et de laïcité. Nous ne devons pas nous dérober devant les questions que posent la montée du FN, mais au contraire démontrer que le rejet de l’autre et les discriminations au sein de la population ne peuvent pas être des réponses crédibles à la situation actuelle.