VILLE (Jean-Baptiste Besnard)

Par Arbrealettres


VILLE

La nuit se renverse comme une bouteille d’encre sur la page du jour.
La tache s’étale que n’arrête pas l’horizon
sur l’écriture des êtres et des choses.
Un rayon de lune glisse sur les tuiles.
Un toit miaule.
Les réverbères éclaboussent les trottoirs
où défilent les platanes, raides comme à la parade,
et qui longent une alternance de pavillons et de terrains vagues, pas encore bâtis.
La chaussée ne me renvoie que l’écho de mes pas, accompagné
par le souvenir des liens, sur de hauts talons.
J’irai jusqu’au bout de la ville,
jusqu’à cette aube de lait et de rosée
qui accrochera des chants d’oiseaux
sur les arbres du quai et les poutrelles du pont Eiffel.

(Jean-Baptiste Besnard)