Depuis Songs On The Rocks et la longue tournée qui s’en est suivie, Nôze est presque devenu sa propre caricature. A force de descendre des bouteilles de vodka sur scène en meuglant, les deux Parisiens ont fini par incarner le versant le plus paillard de la house, quitte à livrer des lives plus gueulards que musicaux et des singles un peu douteux ("Meet Me In The Toilets"). Il était donc temps pour eux de sortir un nouvel album et de remettre les pendules à l'heure. Non, Nicolas Sfintescu et Ezechiel Pailhès ne sont pas que des entertainers avinés, et leur cocktail électro-acoustique n’a rien en commun avec la Villageoise. Et s’ils connaissent parfois quelques problèmes de dosage dans la préparation de leurs élixirs, ce n’est pas le cas sur ce quatrième effort, qui part moins dans l’outrance que son prédécesseur.
Exit les éructations qui rendaient si difficile, à la longue, l’écoute de morceaux comme "Slum Girl" ou "Childhood Blues". L’idée de singer Tom Waits leur a visiblement passé, et ce n’est pas plus mal. Le chant est plus posé, mieux maîtrisé. Nicolas Sfintescu livre même une belle performance vocale, presque théâtrale, sur le dernier titre de l’album, une comptine folk carrément malsaine, où il encourage une "little girl" à toucher son "willi willi" dans les toilettes… Hum. Autre bonne nouvelle, Nôze se décide enfin à sonner comme un vrai groupe, et s’éloigne du même coup de la house minimale pour s’enfoncer encore plus dans le jazz, la chanson, les musiques latines et gitanes. Les cuivres, qui se font entendre sur une bonne moitié du disque, ajoutent du relief aux compositions, que ce soit en appui rythmique, comme dans une fanfare, ou en solo – le trombone de "C’era Una Volta" est particulièrement mémorable.
La formule ne fonctionne pas toujours et l’indigestion guette sur le single surchargé et un rien vulgaire "Dring Dring" (featuring Riva Starr), ou le reggae faiblard de "In The Back Of My Ship" – avec leurs potes de dOP, décidément pas à la fête après la sortie d’un premier album ssez décevant au vu de leur énorme potentiel. Le ronronnant "Nubian Beauty" ne parvient pas non plus à susciter une once d’intérêt. Partout ailleurs, en revanche, et pour peu que l’on accepte d’entrer dans l’univers baroque des deux allumés, on ne trouvera que du bon. Mélancoliques et slavisants, les arpèges de piano et les choeurs de "When Tiger Smoked" feraient presque penser à Matt Elliott, même s’ils sont ici associés à un beat housey et un synthé/basse bien gras. Le résultat est bluffant, c’est l’un des meilleurs moments de Dring.
Beaucoup plus festif, "Marabout" est le plus tubesque du lot, dans le plus pur style du duo, entre piano house, klezmer et swing des années 30, avec des chœurs bien barrés et ce fameux accent français merdique qui plaît tant aux anglo-saxons. Le bluesy "Exodus", avec les Hambourgeois de Wareika, est également assez réussi, tout comme le très atmosphérique et jazzy "Cinq", qui renvoie au côté un peu plus expérimental de leurs premières productions.
En bref : comme tous les albums de Nôze, Dring n’est pas exempt de défauts mais offre des moments d’euphorie assez marquants où s’enchevêtrent house, klezmer, jazz et chanson. Un bon cru, fortement imprégné de cuivres, pour ce duo parisien toujours aussi unique et attachant.
Le Myspace de NôzeLe site et le Myspace de leur label, Get Physical
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A noter : Nôze fêtera la sortie de Dring au Rex le 16 avril aux côtés de Mathias Kaden et Oleg Poliakov.
"When Tiger Smoked":
"Marabout":