Tony JUDT, Retour sur le XXe siècle : Une histoire de la pensée contemporaine, traduit de l'anglais (É.-U.) par P.-E. DAUZAT et S. TAUSSIQ, titre original : Reappraisals: Reflections on the Forgotten Twentieth Century, Éditions Héloïse d'Ormesson, Paris, octobre 2010 (618 pages).
Étrange traduction pour le titre de ce recueil d'articles de Tony JUDT publiés entre 1994 et 2006. Certes, il constitue un bon tour d'horizon des vues de l'auteur sur le siècle dernier « oublié ». Oubli qui, pour lui, tient bien plus de l'aveuglement historique; ce qui lui donne l'occasion de critiquer vivement l'intelligentsia libérale américaine (on dirait ici de gauche), notamment pour la rationalisation qu'elle a fabriquée pour soutenir la politique du second président BUSH, cache-sexe moral, pour lui, des brutales orientations néo-conservatrices.
On se penchera avec intérêt sur ces critiques de la politique d'Israël et du soutien américain à celle-ci, lesquelles lui ont valu de violentes attaques, lui qui, dans les années soixante, avait été un fervent socialiste-sioniste. Elles lui ont même valu d'être excommunié de la revue The New Republic !
On ne parle plus guère d'engagement, à moins que ce ne soit pour la galerie, terme et notion tombés en désuétude. Tony JUDT était, lui, un historien authentiquement engagé.
Je vous invite, pour de plus amples commentaires sur cet ouvrage à vous reporter à l'article Through the Past, Darkly du New York Times.
Présentation de l'éditeur :
« Des marxistes français à l'économie de la mondialisation, de Primo Levi à Albert Camus, de la Grande-Bretagne à Israël, les essais réunis ici couvrent un éventail remarquable de sujets et un large espace géographique. Deux préoccupations dominantes sous-tendent le recueil: le rôle des idées et la responsabilité des intellectuels, et la place de l'histoire récente dans une ère d'oubli. Car, pour avancer hardiment dans le suivant, il s'agit d'abord de ne pas tourner le dos au XXe siècle troublé qui vient de s'achever, mais d'en donner un sens et d'en tirer des leçons. Liberté de ton, critiques acerbes, analyses fulgurantes ponctuent la pensée rigoureuse et lumineuse de Tony Judt, qui ouvre des perspectives infinies. »