David et Goliath (la terre qu’on éventre)

A propos de A ciel ouvert de Inès Compan 4 out of 5 stars

2005. A Cerro Negro, dans le Nord-Ouest de l’Argentine, la population Kollas est en état d’alerte. Protestant contre la décision du gouvernement argentin d’arrêter les travaux de construction d’une école, les habitants ont décidé de bloquer les routes de la région. Parallèlement, non loin de là, sur le site de Mina Piquitas, la multinationale canadienne Silver Standard a commencé des travaux à « ciel ouvert » pour extraire les importantes ressources naturelles en zinc, étain et argent. Au détriment de la population Kollas voire dans l’irrespect le plus total de leurs us et coutumes …

Il y a deux films dans l’excellent documentaire d’Inès Compan. Le premier concerne l’oubli par le gouvernement argentin de la population Kollas, une population dont les origines remontent au XIIème siècle (présence en Bolivie) et la descendance au XVème siècle avec l’invasion des Incas.

En manque de tout, d’eau et de gaz, les Kollas se présentent comme une population  historiquement marginalisée d’Argentine, vivant dans des régions montagneuses au climat hostile, des plateaux élevés et désertiques dont le sol est très riche en matières premières. La réalisatrice ne fait jamais  de commentaires en voix-off dans A ciel ouvert, ce sont les Kollas eux-mêmes qui se décrivent comme une population qui a toujours vécu recluse et oubliée par les gouvernements.

La crise économique mondiale de 2001 n’a fait qu’accroître la misère des Kollas, accélérant la paupérisation de cette population vivant essentiellement de l’élevage des lamas.

C’est dans ce contexte que s’ouvre le second film de Compan. Et le second combat, sans doute le plus vital, pour la population Kollas. Constatant en 2005 que des gazoducs se construisaient sur les hauts plateaux des provinces de Jujuy et Salta, la réalisatrice, qui s’intéresse aux Kollas depuis 1994, s’est penchée de très près sur les activités de la société Silver Standard, qui venait d’installer un chantier sur le site de Mina Pirquitas, une ancienne mine fermée dans les années 1930 et qui avait déjà servi à l’extraction du cuivre et de lithium.

Et le résultat de son enquête dépasse les pronostics les plus pessimistes. Silver Standard, au détriment du droit de propriété des Kollas sur ces terres et sans même les avoir consultés, a commencé un immense chantier sur 14 ans, dit « à ciel ouvert », d’extraction des ressources naturelles très présentes dans cette terre. Avec l’aval du gouvernement argentin mais dans le mépris total du mode de vie et des coutumes de la population indigène de ces plateaux. Le tour de force de Compan est d’avoir réussi à filmer d’aussi près le chantier, à récolter même des interviews de son PDG qui ne se doutait pas de l’image désastreuse que son groupe allait en retirer.

Car malgré les messages rassurants sur la pollution limitée que ses activités provoquent, Silver standard, avec les immenses quantités de terre extraites, a peu à peu recouvert la rivière de la vallée où venaient boire les lamas des Kollas., les privant d’une denrée déjà rare dans la région.

Et une nouvelle colère s’est mise à gronder chez le peuple Kolla, un vent de révolte non seulement parce que le groupe avait éventré leur terre-mère (la « parachama ») mais aussi pour les avoir tenus à l’écart de tout, les prenant pour un peuple inculte et facile à soudoyer. Silver standard n’a t’-il pas proposé de l’argent à certains Kollas pour qu’ils partent ?

Il y a des plans très beaux dans ce film, des couchers de soleil où la montagne semble hurler intérieurement sous les coups de marteau. La place du son, bruits de chantier, métal qui grince, joue un rôle très fort dans le film. Un autre passage du film est marquant où un indigène, s’en prenant à lui-même et à son peuple, dit que les Kollas ont toujours accepté d’être des esclaves et des serviteurs. Déjà sous l’empire Inca.

Une vieille femme  lit la Bible sous la pâle lueur d’une bougie. C’est l’histoire de David contre Goliath. Si les Kollas acceptent au final l’occupation minière comme ils l’ont fait dans le passé, ils veulent au moins participer à l’effort de guerre et que le géant industriel leur donne du travail. Des pourparlers sont en cours avec le groupe canadien. Le gouvernement argentin a bien fini par construire leur école. Une bataille de gagnée, une autre qui commence, d’une toute autre dimension. Pas sûr qu’elle aboutisse, malgré tout l’optimisme des Kollas…

www.youtube.com/watch?v=zN1xkuF3opc

2005. A Cerro Negro, dans le Nord-Ouest de l’Argentine, la population Kollas est en état d’alerte. Protestant contre la décision du gouvernement argentin d’arrêter les travaux de construction d’une école, les habitants ont décidé de bloquer les routes de la région. Parallèlement, non loin de là, sur le site de Mina Piquitas, la multinationale canadienne Silver Standard a commencé des travaux à « ciel ouvert » pour extraire les importantes ressources naturelles en zinc, étain et argent. Au détriment de la population Kollas et dans l’irrespect le plus total de leurs us et coutumes …

Il y a deux films dans l’excellent documentaire d’Ines Compan. Le premier concerne l’oubli par le gouvernement argentin de la population Kollas, une population dont les origines remontent au XII ème siècle (présence en Bolivie) et la descendance au XV ème siècle (avec l’invasion des Incas).

En manque de tout, d’eau et de gaz, les Kollas se présentent comme une population historiquement marginalisée d’Argentine, vivant dans des régions montagneuses au climat hostile, des plateaux élevés et désertiques mais dont le sol est très riche en matières premières. Ce n’est pas la réalisatrice qui fait ces commentaires, d’ailleurs il n’y en a pas dans A ciel ouvert, ce sont les Kollas eux-mêmes qui se décrivent comme une population qui a toujours vécu recluse et oubliée par le gouvernement.

C’est que la crise économique mondiale de 2001 n’a fait qu’accroître la misère des Kollas, accélérant la paupérisation de cette population vivant essentiellement de l’élevage des lamas.

C’est dans ce contexte que s’ouvre le second film de Compan. Et le second combat, sans doute le plus vital, pour la population Kollas. Constatant en 2005 que des gazoducs se construisaient sur les hauts plateaux des provinces de Jujuy et Salta, la réalisatrice, qui s’intéresse aux Kollas depuis 1994, s’est penchée de très près sur les activités de la société Silver Standard qui venait d’installer un chantier sur le site de Mina Pirquitas, une ancienne mine fermée dans les années 1930 et qui avait déjà servi à l’extraction du cuivre et de lithium.

Et le résultat de son enquête dépasse les pronostics les plus pessimistes. Silver Standard, au détriment du droit de propriété des Kollas et sans même les avoir consultés, a commencé un immense chantier sur 14 ans et « à ciel ouvert » d’extraction des ressources naturelles très présentes dans cette terre. Avec l’aval du gouvernement argentin mais dans le mépris total du mode de vie et des coutumes de la population indigène de ces plateaux. Le tour de force de Compan est d’avoir réussi à filmer d’aussi près le chantier, à récolter même des interviews de son PDG qui ne se doutait pas de l’image désastreuse que son groupe allait en retirer.

Car malgré les messages rassurants sur la pollution limitée que ces activités provoquent, Silver standard, avec les immenses quantités de terre qu’ils ont extraite, a peu à peu recouvert la rivière dans la vallée où venaient boire les lamas des Kollas., les privant d’une denrée déjà rare dans la région.

Et une nouvelle colère s’est mise à gronder chez le peuple Kolla, un vent de révolte non seulement parce que le groupe a éventré leur terre-mère (la « parachama »), mais aussi pour les avoir tenus à l’écart de tout, dans le mépris de leur peuple.

Il y a des plans très beaux dans ce film, des couchers de soleil où la montagne semble hurler intérieurement sous les coups de marteau. La place du son, bruits de chantiers, métal qui grince, joue un rôle très fort dans le film. Un autre passage est marquant où un indigène, s’en prenant à lui-même et à son peuple, dit que les Kollas ont toujours accepté d’être des esclaves et des serviteurs. Déjà sous l’empire Inca.

Une vieille femme quilit la Bible sous la pâle lumière d’une bougie. C’est l’histoire de David contre Goliath. Mais les Kollas sont un peuple optimiste. S’ils acceptent au final l’occupation minière comme ils l’ont fait dans le passé, ils veulent au moins participer à l’effort de guerre et que le géant industriel leur donne du travail. Des pourparlers sont en cours avec le groupe canadien. Pas sûr qu’ils aboutissent…