Une élection traduit souvent une dynamique. Le premier tour des cantonales confirme que celle-ci est du côté du FN. C’est d’ailleurs une nouvelle fois autour de la formation frontiste que le débat s’organise. Fidèle à la tradition républicaine, la gauche appelle à l’union sacrée contre le FN au deuxième tour. Soit exactement ce que recherche l’Elysée qui a l’inverse estime par la voix d’Henri Guaino qu’il faut “assumer le risque de la démocratie”.
Si le flirt prolongé de la majorité présidentielle avec les idées FN provoque quelques crispations à droite, celles-ci restent marginales. Majoritairement l’UMP cultive l’ambiguïté. Pas de front républicain UMP-PS a décrété Nicolas Sarkozy qui sait très bien que le FN n’attend que cette occasion pour dire qu’entre les deux principales formations, c’est bonnet blanc et blanc bonnet. C’est d’ailleurs le message qu’a commencé à faire passer Marine Le Pen dès dimanche soir.
Or, depuis plusieurs mois, le locataire de l’Elysée cultive sa différence. En plaçant le débat public sur les terres du FN, le Chef de l’Etat contribue à marginaliser une gauche dont le discours sur l’immigration et la laïcité n’a pas évolué depuis 20 ans et qui demeure coupée des préoccupations d’une majorité de Français.
Maintenir le débat politique sur ces sujets contribue certes à faire monter le FN et à jouer avec le feu mais, présente l’immense avantage d’en exclure le PS.
Le scrutin des cantonales a été délibérément sacrifié en vue des présidentielles de 2012. “L’UMP enregistre un recul historique” titre Le Figaro. Attention aux apparences. Il faut parfois savoir perdre une bataille pour gagner la guerre. Europe 1 rapporte que selon l’entourage de Nicolas Sarkozy, le Chef de l’Etat se désintéresserait des élections cantonales “On n’en a même pas parlé, on verra ça demain“, a ainsi confié dimanche soir une source élyséenne à un journaliste de la station.
La seule chance pour le président de la république d’être réélu c’est de réitérer un 21 avril et d’affronter Marine le Pen au second tour des présidentielles. Car si la gauche décrète le front républicain contre le FN pour le second tour des cantonales, elle sera contrainte à faire de même pour les présidentielles.
Reste une inconnue de taille : les abstentionnistes. Nicolas Sarkozy a démontré en 2007 sa capacité à mobiliser l’électorat en suscitant un espoir dans la capacité du politique à changer les choses. La déception est immense.A défaut de vote d’adhésion en 2012, l’Elysée est contraint à se rabattre sur une stratégie de vote sanitaire de protection contre le FN.
Le PS, orphelin d’un candidat officiel à ce jour arrivera-t-il à offrir une alternative crédible ? Rien n’est moins sûr tant son programme sur les grands sujets économiques et de société est à ce jour confus. Autant dire qu’à 14 mois des présidentielles, tous les scénarios sont possibles et que le choix du candidat des socialistes sera déterminant.
Crédit photo : Pierre Goebel (Flickr)
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