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D’un Film à l’Autre

Publié le 21 mars 2011 par Mg

Pour la nouvelle génération, Claude Lelouch reste le cinéaste derrière les Misérables, un film avec Bernard Tapie, et une dernière décennie passée à essuyer les critiques amers plutôt qu’à séduire le public. Pour autant, Lelouch fête cette année ses cinquante de carrière, une longévité assez exceptionnelle qui cache des hauts et des bas, mais surtout une façon particulière de faire du cinéma, personnelle et risquée, lui ayant permis de récolter des prix parmi les plus prestigieux, et d’offrir quelques beaux films.

D’un Film à L’Autre est donc un résumé de ses cinquantes de cinéma. Ou plutôt une réunion d’archives, d’extraits pour raconter un bon morceau de vie de Claude Lelouch, cinéaste et amoureux du cinéma. Car ce qui transparait au final, c’est surtout l’amour d’un homme pour le cinéma, et plus particulièrement la caméra. Comment coucher sur pellicule la rencontre entre la caméra et les comédiens, comment filmer ses envies, ses idées, en annihilant les difficultés techniques. Lelouch n’est pas un cinéaste extravagant, mais de nombreuses archives de making of, assez surprenantes, le montrent tenant lui même sa caméra, pour coller au mieux à son action, à son film. Un réalisateur engagé dans son oeuvre donc, et entraînant ses acteurs avec lui. On pense ce qu’on veut de son cinéma (et il revient assez objectivement sur ses échecs comme ses succès), Lelouch aura travaillé avec les comédiens les plus talentueux ou attachants de leur génération ; Jean-Paul Belmondo, Jean-Pierre Kalfon, Jean Yanne, Anouk Aimée, Jean-Louis Trintignant, Yves Montand, Annie Girardot, Peter Bergman, Farrah Fawcett, Yves Robert, Aldo Maccione, Lino Ventura, Jacques Brel, Charles Denner, Françoise Fabian, Marthe Keller, André Dussollier, Bulle Ogier, Rufus, Michèle Morgan, Serge Reggiani, Philippe Léotard, Marlène Jobert, Jacques Dutronc, Brigitte Fossey, Bruno Cremer, Jacques Villeret, Catherine Deneuve, James Caan, Francis Huster, Jean-Claude Brialy, Francis Perrin, Robert Hossein, Nicole Garcia, Geraldine Chaplin, Richard Anconina, Lio, Gérard Lanvin, Patrick Chesnais, Vincent Lindon, Gérard Darmon, Christine Boisson, … et bien d’autres.

Et il les aime au point de les ramener très souvent. Réunissant ses acteurs pour faire ses films, à ses propres risques souvent, Lelouch reste un cinéaste amoureux de son cinéma, désireux d’offrir une oeuvre populaire et universelle, sans forcément avoir à chaque fois le recul nécessaire pour arriver à un film objectivement réussi. Se l’avouant lui-même, tournant au gré de ses envies (ou de ses dépressions), le cinéaste est avant tout cinéphile, avec les moyens de pouvoir arriver sur grand écran, et très prolifique. Mais Lelouch est aussi un des rares réalisateurs ayant obtenu une palme d’or et deux oscars (Meilleur Film Etranger, Meilleur Scénario Original), pour Un Homme et Une Femme en 1965. Un succès triomphal, qui l’a sans doute installé pour une suite ponctuée de hauts et de bas, qu’il n’aura pas trompé en restant fidèle à ses premières idées. De manière très réaliste (images d’archives, making of, extraits, essais…), son documentaire vient donc fêter 50 ans d’images, d’essais cinématographiques, d’envies et de désirs, et surtout de partage destiné à une seule chose : accoucher de longs métrages façonné par lui seul, autour de personnages humains et aventuriers de l’ordinaire. Lelouch n’a plus connu de réel succès depuis quelques années, mais reste un réalisateur maladroit mais touchant, preuve vivante que le cinéma n’est pas qu’affaire d’esthète. Et ça n’est pas fini…

Merci à Le K et aux Films 13 pour cette projection!


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