La Syrie bouge à son tour

Publié le 21 mars 2011 par Mcetv

Des manifestations ont lieu dans plusieurs villes depuis mardi. Si Damas, la capitale, n’a pas connu de rassemblements de grande ampleur, Les habitants de Daraa ou Ohms ont manifesté pour plus de libertés, de meilleures conditions de vie et la libération de prisonniers politiques


En Syrie, manifester n’est pas chose aisée. Le pays est dirigé sous l’état d’urgence par le parti baasiste depuis 1963. Alors, lorsqu’une cinquantaine de militants défilent dans un souk de la vieille ville de Damas, et manifestent le lendemain à proximité du ministère de l’intérieur, c’est un événement. Le risque de disparaître du jour au lendemain dans les geôles syriennes est grand, les cas sont nombreux : « mon oncle a disparu en 1991, pour avoir publiquement affiché ses opinions concernant la guerre en Irak. Quelques jours après il disparaissait. Après plusieurs années nous avons organisé des funérailles pour faire notre deuil. Mais en 2002, il est réapparu et nous a raconté qu’il était en prison ». Le cas de ce jeune syrien n’est pas isolé. Il est difficile d’estimer combien de personnes croupissent en prison pour s’être positionné contre l’état.

Une société en difficulté

Enhardis par ces premières démonstrations de courage et par les violentes répressions au Yémen ou à Bahreïn, les manifestants sont descendus dans la rue où ils n’ont pas tardé à subir le courroux de la police. À Daraa, au moins 4 personnes ont été tuées. Pourtant il y a encore quelques jours, rien ne laissait présager que l’appel à manifester, lancé sur le réseau social Facebook serait suivi d’effets. En février déjà, une première page invitait les Syriens à manifester leur mécontentement face à un appareil d’état sclérosé et une élite placée aux postes clés de l’administration et des grandes entreprises. « Il ne se passera rien, tout ça vient de l’étranger » confiait plusieurs Syriens. Au même moment le gouvernement tentait d’amadouer l’opinion publique en lançant un plan d’aide aux plus démunis, et en engageant des baisses de prix sur les matières premières, comme l’huile et le sucre. Il semble que ces tentatives n’ont pas été suffisantes et le mécontentement populaire, lié entre autres aux manques de liberté, à l’inflation ou encore à un taux de chômage élevé, suscite une colère croissante.

Les moins de 30 ans représente près de la moitié de la population du pays et ils doivent faire face à de nombreuses difficultés. Outre le chômage qui les frappe directement, les difficultés pour acheter une maison, ou payer un mariage occupent de nombreux esprits. Partir à l’étranger est un rêve pour la plupart inaccessible, car au-delà des démarches administratives, le coût empêche ces départs.

En dépit de ces difficultés, une majorité de Syriens voue une grande admiration au président dictateur Bashar Al Assad, qu’ils décrivent comme proche du peuple, simple et volontaire. Il ne pourra cependant à lui seul ouvrir le pays et donner au peuple les fruits de l’espoir qu’il place en lui.