La France est une démocratie. Et à l’image des Etats-Unis qui sont aussi une grande démocratie (mais en mieux pour les gens méritants), la France se doit, elle aussi, d’avoir ses guerres. C’est chose faite en Libye.
Si l’époque n’est plus aux guerres coloniales franches et civilisatrices de l’homme blanc dans la position du missionnaire, il reste ici ou là quelques rognures d’Empire à récupérer. Puis ça fait si longtemps que Michel Sardou n’a rien écrit sur l’Afrique ! Il convient toutefois de ne pas répéter les erreurs auxquelles les errements villepinistes conduisirent la France en 2003. En refusant d’aider le grand frère américain dans sa juste mission de nettoyage des champs pétroliers irakiens et de défense des droits de l’homme, la France s’est en effet privée d’une belle page d’histoire qui aurait pu faire briller les yeux des petits enfants irakiens survivants au XXIème siècle.
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C’est en commençant pas les petites choses (ici les chaussures) que les démocraties naissantes apprennent l’ordre.
"> - Leçon n°1 : mettre de l’ordre
C’est en commençant pas les petites choses (ici les chaussures) que les démocraties naissantes apprennent l’ordre.
Sans compter que comme tous les grands frères, les Etats-Unis ne sont pas trop partageur : il y a fort à parier que ce n’est pas encore cette année qu’Areva réussira à vendre une centrale pleine de sécurité aux petits enfants irakiens (qui attendent la lumière pour lire et tourner de leur moignon les pages de l’Histoire).
Le train de l’Histoire passe vite et le Président est bien décidé cette fois–ci à le prendre (même s’il préfère l’avion). Il faut toutefois agir avec circonspection. Un mot difficile pour notre impétueux Président et qui veut dire (en gros) qu’il faut faire attention. Aussi l’option consistant à apporter aide et assistance en toute discrétion à une opposition disparate qui ne sait que demander afin de la laisser être artisan de SA victoire est-elle rejetée. Disparue également la guerre humanitaire, très tendance dans les Balkans à la fin des années 90. Cette guerre a fait son temps, sans compter qu’elle avait parfois des allures de guerre chirurgicale avec option bistouri pour certains patients. Pour être tendance il faut aujourd’hui envisager une « guerre propre ». La guerre propre c’est la guerre théorisée et menée par Maria Dos Santos, femme de chambre du regretté Bigeard : « lé microbes il faut les traiter à la chavel chan héchiter ». En clair et en français : si l’ennemi est VRAIMENT méchant, alors on peut traiter à la javel (ou au DU) et rincer.
Il se trouve que malgré un goût prononcé pour les infirmières blondes à forte poitrine que le colonel Kadhafi partage avec M. Panel (sauf que lui les laisse partir après usage), Kadhafi est vraiment méchant. Et rustre aussi : à l’époque où il était gentil (et riche) personne à l’Elysée n’avait compris cette obsession à vivre dans une tente. Tout au plus Frédéric Mitterrand avait il évoqué quelques souvenirs de scoutisme. Ses paramètres ayant été pris en compte par le cerveau présidentiel, celui-ci n’a pas tardé à annoncer sa décision : ça sera la guerre (contre les bicots méchants).
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...ne sont pas aussi fiables que les amis de 30 ans
Cette décision s’appuie sur un tas d’autres raisons, toutes forcément bonnes. En exclusivité pour ses lecteurs, et aussi pour prouver que la rédaction de Brave Patrie peut toujours se sortir les doigts du séant pour les grandes causes nationales, voici les raisons pour lesquelles, petits et grands, nous sommes en guerre :
- L’ennemi fut naguère un peu socialiste, tout au moins non aligné, donc pas droit : il est naturel de le rectifier.
- L’ennemi est arabe, donc mahométan. Et on ne discute pas avec ces gens là. Le grand débat national voulu par le Président sur ce sujet n’ayant pas (encore) reçu le succès escompté, on peut directement passer à l étape suivante : la sanction.
- Comme l’Irak, l’ennemi à du pétrole. Cela le transforme en un candidat appréciable pour qu’il devienne notre Irak à nous. La présence de pétrole offre de surcroît une garantie financière appréciable aux agences de notation qui pourraient s’inquiéter du R.O.I de ce type d’opération en période de restriction budgétaire. Et puis ça fera plaisir à Monsieur Dassault de voir enfin voler des Rafales dans le beau ciel bleu de Libye (on a tous des rêves d’enfant).
- L’ennemi est fou : il croît que c’est nous l’ennemi alors que c’est lui. Si cette construction sémantique utilisée dans la diplomatie –aussi parfois connue sous le nom de dialectique du « C’est celui qui le dit qui l’est »- a pu attirer l’attention d’une presse nauséabonde en mal de sensations, le doute est désormais parfaitement levé : le président est parfaitement sain, c’est l’autre qui est fou.
- L’ennemi est à nos portes (et pour longtemps) ! Ce n’est pas l’incroyable manque de tact de Melle Le Pen damnant le pion à Madame Brunel et Monsieur Guéant en période électorale qu’il faut ici retenir ici mais plutôt les aspects pratiques. D’un point de vue opérationnel les pilotes peuvent ainsi bombarder dans la journée et être de retour le soir pour pouvoir regarder en famille le JT de leurs exploits. La direction de TF1 n’a t-elle pas souvent taquiné le président sur les problèmes liés au décalage horaire avec l’Afghanistan ?
Dans cette belle situation où il s’est mis tout seul, nul doute que l’homme du 6 mai saura exploiter au mieux les événements à venir (dégats collatéraux, ingratitude du libéré) pour rassembler les français autours d’une cause saine, loin des turpitudes et des aléas de ce monde complexe.