Publié le 20 mars 2011 à 10h56|Mis à jour le 20 mars 2011 à 10h56
Lori Lansens sait traduire en mots la dépendance de son personnage.
Sonia Sarfati
La Presse
(Los Angeles) Après avoir raconté des jumelles siamoises dansLes filles, Lori Lansens se glisse, par l'entremise d'Un si beau visage, dans la peau d'une femme obèse. Rencontre avec une romancière ontarienne qui a fait son nid sous les palmiers de la Californie et y a invité une certaine Mary Gooch.
Lori Lansens était adolescente. Ce jour-là, elle faisait du lèche-vitrine quand une silhouette, aperçue du coin de l'oeil, a capté son attention. La fille était maigre à presque faire peur. «Elle est anorexique, elle va mourir», a-t-elle pensé avec ce tranchant de la jeunesse. Et elle s'est remise en marche. Aussitôt imitée par l'autre.
«J'ai sursauté en me rendant compte que c'était moi, cette fille-là», raconte la romancière ontarienne rencontrée à Los Angeles, où elle vit depuis cinq ans avec son mari, le producteur et réalisateur canadien Milan Cheylov, et leurs enfants de 8 et 11 ans.
Comme bien des femmes, Lori Lansens, qui s'est remise à manger après cette «rencontre» opportune, a eu une relation compliquée avec la nourriture. Comme bien des gens, elle a aussi eu quelques bras de fer à livrer contre la cigarette. Le phénomène de la dépendance, elle connaît. Oui, tout le monde connaît la chose, sous une de ses déclinaisons. Elle, sait la traduire en mots, la mettre dans la bouche d'une autre. C'est ainsi qu'elle a créé une certaine facette de Mary Gooch.
Mary Gooch, l'héroïne d'Un si beau visage, qui mange. Ou pense à ce qu'elle pourrait manger. Et mange encore. Se dit qu'elle commencera le régime demain. Comme elle pourrait se dire, si elle était dans une autre histoire, qu'elle cessera de boire ou de jouer demain. Puis demain arrive. Pas le régime. Bien sûr.
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