Situation du nucléaire

Publié le 21 mars 2011 par Laeo
Les deux graves accidents en cours sur deux des réacteurs de la centrale de Fukushima Daiichi sont présentés en France par les porte-parole officiels comme la conséquence spécifique d’un événement exceptionnel tout à fait improbable en France, un tremblement de terre de magnitude 8.9 et le Tsunami qui s’en est suivi.
D’après Bernard Laponche, de l’association Global Chance, c'est le cumul de ces deux événements qui a été le déclencheur de l’arrêt des pompes. Mais ce qu’omettent volontairement de signaler nos autorités, c'est que cette succession de dysfonctionnements peut tout aussi bien se produire sans le moindre tremblement de terre.
Les arrêts programmés ou intempestifs de réacteurs pour des incidents mineurs ne sont en effet pas rares. Pas de problème si les pompes de circulation continuent à être alimentées normalement. Mais la perte du réseau extérieur peut se produire pour bien d’autres raisons, telles qu’un accident sur une ligne de très haute tension, sabotage, etc. Restent alors les diesels. Il n’y a cependant pas besoin d’un tsunami pour les neutraliser par noyade : au cours de la tempête de 1999, à la centrale du Blayais dans l’estuaire de la Gironde, il a suffi de la conjugaison d’une grande marée et d’une dépression atmosphérique pour obtenir le même résultat : perte de l’alimentation électrique des pompes et perte d’une grande partie des informations sur l’état de la centrale. L’accident a été évité de justesse.
C’est ainsi qu’on a appris, il y a une quinzaine de jours que dans 8 des réacteurs français des pièces essentielles des diesels de secours « les coussinets » étaient défectueux et pouvaient entraîner la panne sèche sur ces diesels. On a appris également que dans 34 réacteurs du parc nucléaire français, le système d’injection de secours pouvait ne pas fonctionner avec la précision requise par la sûreté nucléaire. Et l’Autorité de Sûreté Française de déclarer que, dans le cas d’une fuite sur le circuit primaire, « le cœur du réacteur pouvait ne pas être correctement refroidi » reconnaissant par là même la possibilité, sur ces 34 réacteurs, d’un enchaînement d’incidents successifs analogues à ceux que connaît aujourd’hui la centrale japonaise.
Cette même Autorité de Sûreté, depuis le début des problèmes japonais se distingue par sa langue de bois. Son président a même annoncé après cette première déclaration qu’il refusait de répondre aux questions éventuelles… Quant à Eric Besson, dans sa dernière conférence de presse, il a affirmé qu’en France, toutes les précautions concernant les séismes et les inondations étaient prises depuis l’origine sous l’autorité parfaitement indépendante de l’ASN.
On a le sentiment qu’en France aujourd’hui, il n’y a plus de pilote dans l’avion de la sûreté. Une ASN, indépendante peut être, mais qui n’a pas l’air de s’inquiéter des défauts génériques dont elle reconnaît qu’ils pourraient conduire à des catastrophes, un gouvernement aveuglé par son ambition industrielle, qui préfère fermer les yeux et s’abriter derrière l’Autorité de Sûreté pour ne prendre aucune décision de précaution pouvant nuire à l’industrie qu’il soutient. Et à part quelques exceptions, silence presque total des élus du peuple qui devraient pourtant se préoccuper de la sécurité des citoyens.
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