Magazine Politique
L'enquête Ipsos Logica pour France Télévision porte des enseignements majeurs sur d'actuelles évolutions qui vont impacter la présidentielle et qui devraient peser sur la stratégie du Président de République Solidaire.
8 bombes à retardement contribuent à expliquer l'actuel climat national avec la poussée du Front National tout particulièrement.
1) Le discours politique ne s'adresse pas aux véritables préoccupations des Français que sont l'emploi et le pouvoir d'achat (y compris d'ailleurs le niveau des impôts locaux). Sur le plan national, l'insécurité et l'immigration ne sont pas sur le podium des préoccupations prioritaires.
Par conséquent, la première bombe est dans le décrochage entre le discours politique et les attentes des français. Il n'y a pas d'offre face à la demande ; d'où l'abstention ou des votes protestataires.
2) L'écologie dépasse désormais son volet environnemental initial. Elle est perçue comme une composante du développement économique durable. Cette dimension est à considérer puisqu'elle élargit considérablement la base culturelle de l'écologie.
3) La droite et la gauche peinent à entretenir leurs différences. Pour 68 % de l'opinion l'UMP et le PS se ressemblent.
4) Les collectivités locales sont considérées en crise financière mais la responsabilité est perçue comme incombant à l'Etat. Ce qui signifie que si la majorité présidentielle souhaitait ouvrir la comparaison des bilans, cette approche lui serait délicate car l'Etat est perçu comme le fauteur en la matière.
5) Le centre disparait progressivement dans un climat radicalisé. Le souhait de renforcement du Modem arrive en dernière position à égalité avec l'UMP ... alors même que le "désir de gauche" s'installe.
6) 47 % des participants déclarent voter pour sanctionner Nicolas Sarkozy. Au sein même du "collège partisan UMP", 52 % déclarent voter sans même chercher à soutenir Nicolas Sarkozy. Il y a là un décrochage important pour la première fois à ce point.
7) 51 % des abstentionnistes considèrent que voter ne changerait rien. C'est ce chiffre qui est un défi pour l'ensemble de la classe politique et tout particulièrement pour l'offre de la formation politique dernière née.
8) Marine le Pen est le "premier choix des abstentionnistes". Par conséquent, les actuelles interprétations sur la poussée du FN liée à la mobilisation ne résistent pas aux sondages. Si une partie de l'électorat démobilisé le 20 mars se déplace, Marine le Pen en sortirait renforcée.
Dans ce contexte, Dominique de Villepin a pour défi non pas tant de s'inscrire dans l'actuelle offre mais bien au contraire de poser des jalons pour renouveller l'actuelle offre qui est discréditée.
C'est ce nouveau positionnement là qui peut permettre de faire bouger les lignes de façon significative. C'est tout l'enjeu du 14 avril 2011, date de la présentation du projet de Dominique de Villepin.