La mode "Bon chic, bon genre" semble s'étendre, quel que soit le milieu social ou culturel, le regard s'affine, les exigences pour le travail fait avec amour aussi.
Des espositions rétrospectives des années où la création ne relevait pas que de la réminiscence, comme celle de Dior au Bon Marché ou l'extraordinaire exposition Yves Saint Laurent au Petit Palais, me font penser que tout n'est pas perdu et que nous allons sortir "par le haut" de l'effroyable style punk-breloques-sac-stilettos provoquant, importable et laid des dernières années.
A la maison, c'était plutôt Le petit Echo, Modes et Travaux, le Jardin des Modes que ELLE. Maman avait beaucoup grossi après ma naisssance et éprouvait de grandes difficultés à s'habiller "en confection" comme on disait à l'époque. Pour les grandes occasions, elle devait aller chez une couturière à domicile. Si, si, cela existait à l'époque : on apportait son tissu et on choisissait son modèle sur l'Officiel ou Vogue. Et puis nous avions une cousine très proche, Line, qui était Première main chez Fath, puis chez Givenchy. Elle partageait sa vie avec Monique, Seconde de l'atelier, celle qui coupe et distribue le travail aux ouvrières. J'ai donc très tôt été baignée dans cette atmosphère de travail artisanal de très haut niveau. J'étais en particulier émerveillée par le dessous d'un col tailleur, entièrement fixé à points en diagonale par une toile de lin relativement rigide. Aujourd'hui encore, je sais coudre une ceinture de jupe "en forme", la recouvrir et la fixer à points invisibles...
En fait , ma silhouette rêvée, lorsque j'avais quarante ans, c'était le long pantalon à pinces de Lauren Bacall et sa jaquette pied-de-poule très près du corps....
Je me dis que les petites filles d'aujourd'hui, qui ont neuf ou dix ans, et même moins, vont à leur tour s'imprègner de ce style "chic" et sobre. Qu'elles cesseront de vouloir ressembler à leur poupée Barbie, maintenant relookée par les plus grands designers, qu'elles adopteront un mode de vie plus conforme à la nécessité de préserver l'environnement et privilégiant les matières naturelles...et qu'elles feront cesser cette longue parenthèse du mauvais goût contre laquelle, moi, vieille grand-mère acariâtre, je m'élève.