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La police économique se met en place

Publié le 21 mars 2011 par Copeau @Contrepoints

Bonne nouvelle : face à la hausse des prix, le gouvernement se décide à frapper fort.

La grande affaire de ces derniers jours est l’offensive gouvernementale contre le niveau des loyers des petits logements (chambres de bonnes essentiellement) à Paris. Le loyer mensuel atteint jusqu’à €90 le m².

Le Secrétaire d’État au Logement Benoît Apparu a trouvé une parade bien originale : on va surtaxer les bailleurs qui font payer plus de €40. Cette taxe sera progressive, pouvant atteindre 40% pour la tranche supérieure (€80/90). Voilà une bonne idée. D’une part, un impôt de plus est toujours bien vu à Bercy. D’autre part, les propriétaires vont peut-être oublier de louer, dans la mesure où €40 excluent toute chance de rentabilité, et parfois ne couvrent pas les coûts d’entretien. Donc il y aura moins de logements à offrir, et les prix ne cesseront de monter, sur un marché noir qui se créera spontanément (et facilement en l’occurrence). Monsieur Apparu appelle cela une « régulation des prix », mais pas du tout un « blocage des loyers ». Qu’il soit permis de faire trois remarques :

1° Les loyers élevés à Paris viennent de l’attraction en partie artificielle de la capitale. Pourquoi toutes les grandes écoles et les universités obligent-elles les étudiants à se loger ici ?

2° Les loyers sont liés à la crise générale du logement qui sévit en France depuis des années, une crise que les pouvoirs publics veulent résorber avec le logement social, qui est source de gaspillage (d’argent) et de pénuries (de m²).

3° Le droit de propriété et la liberté de contracter continuent à être des principes inscrits dans notre constitution, et on ne voit pas pourquoi on pénaliserait quantité de ménages de propriétaires aux revenus modestes (et notamment de retraités) qui trouvent dans ces loyers le seul moyen de conserver un pouvoir d’achat décent.

Mais Monsieur Apparu devrait aussi penser à des solutions plus radicales, comme celle qui est pratiquée par la mairie de Saint Ouen, dont la municipalité communiste fait bon usage de son droit de préemption, en définissant pour toute transaction immobilière un plafond (fixé approximativement à €4.000 le m² – peu importe). Au dessus du plafond la mairie fera valoir son droit à préempter et si le vendeur ne se range pas aux « recommandations » de la mairie à l’issue d’une négociation (équitable, bien entendu), il sera obligé de vendre à la mairie au prix qu’elle exigera. On a vu des « rabais » aller jusqu’à 40% du prix de la vente. Un jeune couple désirant loger une famille avec des enfants plus nombreux et grandissants ne pourra plus compter sur la vente de son logement actuel pour en racheter un plus vaste. Certes la municipalité de Saint Ouen a sollicité les textes sur le droit de préemption (la mairie ne devrait préempter que pour utilité publique, et non pour bloquer le prix de l’immobilier), mais qu’importe : la justice prendra toute la lenteur voulue pour restaurer les propriétaires dans leurs droits.

La police économique se met en place

(Illustration René Le Honzec)

Mais, quant au fond cette pratique est bien dans la même veine que les mesures envisagées par le gouvernement : le « droit au logement bon marché » est supérieur au droit de propriété.

Il y a de même un « droit à la pompe bon marché ». Madame Lagarde a, elle aussi, entendu frapper fort. Elle commence par nous donner des leçons de conduite : des pneus bien gonflés, une vitesse réduite, un arrêt du moteur à chaque stop, une conduite plus souple. Merci maman.

Mais, au-delà du conseil maternel, elle envisage tout de même des mesures répressives. Elle soupçonne en effet les distributeurs d’amplifier la hausse des carburants. Pour punir ces spéculateurs, elle va donc mettre en place un système de contrôle des marges et des profits : voilà encore une idée de génie, et facile à gérer !

Notre ministre de l’Économie ignore sans doute que ce que les Français achètent à la pompe ce n’est pas du carburant seulement, c’est surtout des taxes (trois quarts). Comme elles sont proportionnelles au prix, la bonne affaire est surtout pour Bercy. Y a-t-il quelque ristourne au contribuable-automobiliste ? Point du tout.

Saluons tout de même la sagesse de Madame Lagarde qui a balayé d’un revers de main la suggestion des socialistes de pratiquer pour le carburant un « prix social » : en fonction de votre revenu vous pourriez payer le carburant plus ou moins cher. Voilà encore une autre bonne idée, et simple à mettre en œuvre.

En conclusion, il n’est pas douteux que ce gouvernement, et bien sûr encore davantage l’opposition, s’orientent sans hésiter vers la police des loyers, la police des pompes, la police des prix, et la police économique. Toujours plus efficace que la police criminelle.


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