Les négociations sur la forme du plan de sauvetage de la zone euro – le « mécanisme de stabilité européen » (ou ESM pour « European Stability Mechanism » ) – sont entrées dans une phase cruciale. Le fond est destiné à être opérationnel d’ici à la mi-2013 et est susceptible de représenter €500 milliards disponibles. De cette somme, entre 80 et 100 milliards seront directement offerts aux États membres, le reste viendra sous forme de garanties.
Naturellement, certaines personnes sont nerveuses à l’idée que ce projet s’accomplissent, particulièrement l’Allemagne. Ainsi, le Sueddeutsche (un journal allemand ) a insinué le fait que les contribuables allemands devront contribuer à hauteur de 18 voir 25 milliards au profit de ce projet.
La chancelière Angela Merkel n’est pas vraiment enthousiaste lorsqu’elle dialogue au sujet du montant que l’Allemagne devra remettre en définitif. « Elle ne désire pas s’exprimer sur ce sujet » aurait avancé un diplomate de ce pays.
Nous ne voyons pas pourquoi. Un passif direct de €25 milliards pour les comptes de l’Allemagne pourrait accroitre les coûts d’emprunt du pays et entraver ses efforts visant à consolider son budget.
Afin d’éviter cela, le gouvernement allemand – symbolisé par Angela Merkel – a présenté l’idée que les pays sans notation en triple A devront également contribuer au payement des futurs liquidités versées, au même titre que les États titulaires d’une mention en triple A, qui ont accordé leur soutien à cette cause. Cette mesure conduira nécessairement les États affaiblis de la zone européenne et membre de l’alliance à augmenter leurs contributions. Par conséquent, elle déclenchera certainement des sonnettes d’alarme chez ces nations anémiées ainsi que chez d’autres États non attachés à la zone euro.
Hier, l’agence de presse Reuters a révélé, selon des sources européennes, que les membres de l’eurozone que sont l’Estonie, la Slovaquie, la Lituanie, la Bulgarie, la République tchèque ou encore la Lettonie ont critiqués ces nouveaux plans. Ils défendent leur prise de position en évoquant le fait que baser les contributions en espèces de l’ESM sur la proportion de ce que verse un pays en capital pour la Banque Centrale Européenne est injuste. Ces mêmes pays ont d’ailleurs menacé de ne pas soutenir l’introduction des propositions de règles plus strictes concernant les règles du budget de l’UE à moins que des changements s’effectuent dans l’arrangement suggéré par l’Allemagne.
Un de leur représentant s’est épanché à ce sujet : « À moins qu’il n’y ait une modification des clés de contribution en capital à l’ESM, nous bloquerons l’accord sur le plan de gouvernance, quand il reviendra du parlementle parlement et et devra être adopté à l’unanimité par les ministres des finances de l’UE. »
D’autres pays non membres de l’union monétaire comme la Suède ont également manifesté leur récalcitrance à propos des points clés du capital ESM.
Pourquoi ces pays s’impliquent ils si fortement dans cette affaire ? Ils ne sont pas dans la zone euro après tout. Eh bien, c’est probablement parce qu’ils comprennent que, s’ils joignaient un jour cette association, ils pourraient être forcé de payer eux aussi pour sauver la Grèce, l’Irlande ou le Portugal. Allonger de la monnaie liquide est une responsabilité beaucoup plus redoutable que le versement de garanties de prêts. Le refus de la Slovaquie de prendre part dans le renflouement de la Grèce donne un indice sur pourquoi ces pays ne sont pas enchantés par la perspective d’un arrangement permanent sur le renflouement lié à la clé de contribution en capital à la BCE et à la note de crédit. Dans une construction pareille, les petites économies qui n’ont vraiment rien fait de mal pourraient touver ce projet bien trop salé à leur goût.
Dans une note liée à ce sujet, la question était de savoir où est le Royaume-Uni dans tout cela ? Jusqu’ici, le RU paraissait avoir accordé peu d’intérêt à la façon dont l’argent serait perçu et réparti selon l’arrangement, à priori permanent, de renflouement. Si c’est parce qu’il ne n’aspira jamais à rejoindre l’union monétaire, c’est une chose.
Mais si c’est parce que les Britanniques pensent qu’ils n’ont aucun intérêt à faire en sorte que les règles de la zone euro soient justes et raisonnable économiquement, plutôt que de favoriser de futurs effondrements, alors le Royaume-Uni se trompe lourdement.