Anne Marie Pécheur aux cryptoportiques d'Arles (by Justine)

Publié le 21 mars 2011 par Lifeproof @CcilLifeproof


Cryptoportiques d'Arles, galeries de soubassement sous le Forum Romain datées du Ier siècle.

Jusqu'à récemment, j'avais beaucoup de mal à m'intéresser à l'Antiquité, ne "voyant" pas trés bien en quoi ruines et autres "caillasses" (pour reprendre un terme cher à mon mari) pourraient enrichir ma vie. Aprés quelques mois passés à potasser l'histoire de l'architecture française des origines à nos jours, pour les besoins de l'examen de guide-conférencière des villes d'Histoire et d'Art que je vise, j'ai un tout autre avis sur la question.

Tout comme pour l'histoire de l'art, l'étude des formes architecturales est indissociable de l'époque à laquelle celles-ci sont apparues. Ainsi notre région, et tout spécialement Arles, regorge de monuments datant de l'époque Romaine (comprenez entre -100 et + 476), ce qui n'est pas étranger au fait que Jules César ait fait d'Arles une colonie dès -46 et que cette cité devint sous le règne de Constantin une ville impériale.

La ville se composait de divers édifices. Au centre, le Forum : sur une vaste esplanade étaient regroupés un temple à la gloire de l'empereur, une basilique où l'assemblée municipale se réunissait pour rendre justice, et des commerces. Sur la colline, l'amphithéatre, architecture de loisirs, accueillait les foules qui venaient assister à de cruels spectacles de mise à mort entre gladiateurs. Plus loin dans le théatre proprement dit, se jouaient tragédies, comédies, mimes et pantomimes auxquels le public assistait gratuitement lors  de fêtes données en l'honneur des dieux. Enfin, le cirque romain (ou hippodrome) était réservé aux courses de chars et aux chasses à courre.

Maquette d'Arles Romaine

Comment rendre ces espaces monumentaux, parvenus jusqu'à nous grâce à une construction d'une exceptionnelle facture, VIVANTS? Il me semble que c'est là tout l'intérêt de rencontrer en chair et en os, une personne qui vous donnera suffisamment d'éléments pour que l'imaginaire se mette en oeuvre: et de mitrailler soudain les images du passé, envahissantes tant elles sont là, prés de nous, sous notre nez! Ces rues grouillaient de monde, ces sculptures d'une finesse inégalée ont été travaillées par les meilleurs artisans, ces pierres viennent de carrières d'Asie mineure! Tout cela a bel et bien EXISTé.Quelle joie alors de se promener le nez en l'air ou en longeant les murs pleins des murmures de nos ancêtres...

Hélichrysum, 2011, installation lumineuse et éphémère d'Anne Marie Pécheur


Avec la délicatesse d'un papillon, Anne Marie Pêcheur insuffle une nouvelle vision aux cryptoportiques Arlésiens. Ces galeries souterraines en forme du U, situées à 6 mètres du niveau actuel de la ville, sont les fondations de l'ancien forum dont je vous ai parlé plus haut. Le lieu n'a pas besoin d'être "rescusité". Il est parfaitement vivant, on y entend le suintement des murs, sa chaleur ambiante nous met à l'aise. Les grandes arcades dont il est composé forment une ligne courbe agréable au regard. Et pourtant! Qu'il est surprenant d'apercevoir dans une pièce adjacente, une lumière qui jaillit de nulle part comme une gerbe d'eau emplissant ces cavités à la vitesse d'une vague impétueuse! Puis, une éclosion de fleurs peuple les parois, l'artiste les appelle "ses immortelles", référence aux souvenirs peut-être. Moi j'y vois des feuilles d'acanthes, celles qui ornent les chapiteaux romains.

L'art contemporain se marie bien avec le patrimoine. C'est une autre piste possible pour rendre notre quotidien au milieu des caillasses, sensible et intelligible.

Hélichrysum, 2011, installation lumineuse et éphémère d'Anne Marie Pécheur
 
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Anne-Marie Pécheur, Hélichrysum

Nature morte-Corps lumineux

Cryptoportiques, Arles

Jusqu'au 31 mars

www.espacepourlart.com