Pour s'en distraire un peu, parce que la vie doit continuer, quoi de mieux pour moi que de parler un peu thé?Cette fois, c'est le tour des thés de ma sélection en provenance de Shizuoka.
Il y en a quatre. Trois sencha et un thé noir japonais.
Commençons par le plus classique, un thé de Hon.yama, c'est à dire un thé en provenance des régions montagneuses au nord de la ville de Shizuoka, longeant les rives de la rivière Abe. Loin des fukamushi sencha (étuvage long) grossiers produits en quantité astronomiques dans les plaines de Shizuoka, nous avons là une production soignée, un futsumushi sencha (étuvage standard) fin et profond.
Nous avons ensuite trois productions de Akiyama Katsuhide, en provenance des vallons de la ville de Fuji, au pieds du Mont du même nom. J'ai déjà présente ce producteur à plusieurs reprise, et résumons donc ici par le fait qu'il exploite plusieurs dizaines de cultivars différents, certains chinois même, avec la volonté forte de donner plus de variété et de parfum au monde du thé japonais grâce aux possibilités qu'offrent les nombreux cultivars de théiers (rappelons que 80% du thé japonais reste dominé par le Yabukita !).
L'un comme l'autre ne sont pas de simples curiosités, ce sont de vrai bon sencha fabriqués avec le plus grand soin, et tout le talent nécessaires. Seulement, a la différence du Hon.yama, qui est un classique, ce sont des sencha qui en disent beaucoup sur l'intérêt et la nécessité de toujours aller plus loin dans le travail sur les cultivars. Ceux ci sont la clé de la diversité et d'une amélioration de l'image du thé japonais. En ce qui concerne leur préparation, vu leur particularités, on est tenté d'abord de les infuser à l'aide d'eau plutôt chaude pour des grands sencha, 80-90°C, pour faire ressortir leur fameux parfum. Mais il m'est apparu que cela ne changeait finalement pas grand chose pour le parfum, mais que les saveurs, elles, s'en trouvaient clairement altérées, laissant apparaitre une certaine âpreté. Non, une première infusion entre 70 et 80°C suffit. Une minute d'infusion me semble également tout à fait indiqué.
Enfin, le dernier thé est un thé noir japonais (wa kôcha 和紅茶). Je n'avais au départ de ce projet pas du tout l'intention, de prendre un thé noir, car tout ceux que j'avais jusqu'alors eu l'occasion de boire ne m'ont jamais paru particulièrement passionnant. Même en full leaf, on est toujours proche de chose de type Assam voir Ceylan, pas mauvais, mais sans réel accroche. Bien sûr, ces wa kôcha sont souvent assez doux, bien moins tannique que leurs homologues indiens, cela s'expliquant par les variétés de théiers aussi bien que par le climat (plus on a de soleil et de chaleur, plus la production de tanins dans les feuilles est importante).A propos du Japon et du thé noir, reportez vous à ce billet, cette histoire est passionnante, et, qu'il fut dépensé autant d'énergie dans le passé pour faire du thé noir au Japon n'a pas pu être pure perte ! Cette production de Monsieur Akiyama me l'a démontré à ma grande surprise. Résultat, un wa kôcha dans ma sélection.
Pour finir, j'attends beaucoup de ce que pourra nous proposer notre producteur de Fuji en mai !