Pаpіllоn11 : pоème Un lundі mаl luné

En ce matin aux soupirs d'argent
Je mords dans la rose des vents
Une pluie fine aux reflets changeants
Nettoie la nuit des temps
Je déjeune devant la fenêtre
En regardant le monde apparaître
Un héron perdu sur le grand pont
Tente désespérément un plongeon
Une gargouille aux yeux de braise
Veux me sucrer mes fraises
Un Peter Pan harassé et hagard
Vole au dessus du brouillard
La voisine d'en face
Me lance une grimace
Je l'attrape prestement au vol
Et la trempe dans mon bol
Je lui tends la main à Bill
Et rends l'autre à Gilles
A la radio, les infos pleurent
La misère, la mort, la peur
Lâchement je l'éteint
J'ai un peu honte d'avoir faim
J'écoute alors le silence endormi
Dans les ruines d'un cri
J'étais encore là à gazouiller
Quand soudain le marc de mon café
Mon futur se met à me raconter
En m'affirmant que je dois me presser
Car il faut que j'aille travailler
Car telle est ma sinistre destinée