Une des trois cimaises accueillant le travail de Serge Fruehauf
Lors de mon séjour genevois, j’ai eu l’occasion de passer au Centre de la Photographie situé au sein du Bâtiment d’art contemporain. J’ai découvert la série Papiers Glacés de l’artiste Serge Fruehauf, une exposition passionnante qui stimule notre regard sur le monde de la presse féminine et ses images de mode.
During my visit in Geneva, I had the opportunity to move to the Centre de la Photographie. I came across Papier Glacés (Glossy Papers) a serie of fashion and women’s magazines pages by artist Serge Fruehauf.
Serge Fruehauf utilise une subtile technique d’encrage et d’effacement qui lui permet tantôt de révéler, tantôt d’effacer ou de faire virer au négatif certaines parties de ces pages de magazine. Nulle intervention numérique ici, tout est « fait main ». Les logos des marques disparaissent, les textes informatifs sont absents, les visages et les corps eux restent, parfois méconnaissables, mais toujours fascinants (entre cauchemard et séduction).
Que reste-t-il dès lors, de la beauté véhiculée par ces publications?
Ici l’artiste restitue les mannequins tels des fantômes, des êtres vidés de leur substance, sans vie, laissant la tenue « vivre la sienne ». Or un vêtement à besoin d’un corps pour prendre vie, mais aussi se révéler et révéler celle ou celui qui le porte, il n’est rien au fond d’une armoire. Que serait le Calvin Klein des années 90 sans Kate Moss et vice-versa?
Se pose donc, en substance, la question de la force de l’image de l’égérie de la saison pour une marque, si puissante soit-elle.
Serge Fruehauf uses a subtle technique of inking and deletion to reveal, sometimes erasing, sometimes turning a part of the picture into negative. No digital intervention here, everything is ‘handmade’. Brands logos disappear, texts are missing, the bodies are unrecognizable, but the result is fascinating (between nightmare and seduction).
At the end we can ask where the beauty conveyed by these publications lies? An exhibition that stimulates our eyes to the world of women’s magazines and fashion images.
On ne peut, dès lors, pas s’empêcher de penser à Martin Margiela et ses modèles défilant masqués il y a quelques années…
Martin Margiela, printemps-été 2009, © photo Tom Wabe
… cependant là où Martin Margiela supprime tout affect en employant un voile opaque, il reste chez Serge Fruehauf les traits du visage et le regard, provoquant autant d’attirance que le vêtement lui-même. Mais la finalité est différente, Margiela ne veut s’intéresser qu’au vêtement, alors que Fruehauf s’intéresse à la diffusion d’un modèle de beauté au travers de la page de magazine.
Moins figurative, la série ci-dessous est peut-être plus convaincante.
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