Sarkozy : l’intelligence opportuniste.

Il est au plus bas dans les sondages, sa politique sociale et économique est rejetée par une majorité de Français, il ne se défait pas de l’image du Fouquet’s, président des riches, sa majorité se délite et doute même du bien fondé de sa candidature pour 2012, y préférant en coulisses Juppé ou Fillon.

Avant le déclenchement de la guerre du Golf, François Mitterrand avait déclaré : « il m’aura manqué une guerre… ». Il eut sa guerre du Golf puis sa guerre d’ex-Yougoslavie, appelée aussi guerre des Balkans. Ce n’est pas là que le Florentin fut le meilleur. Mais, pour la postérité, il déposa sa signature sur des traités de règlements de conflits internationaux. Le Commandeur avait sa statue. Ouf !

Chirac, lui, a brillé en s’abstenant. Je ne fais là aucun humour. La voix de la France portée par Villepin (Chirac était souffrant), au Conseil de sécurité de Nations-Unies refusa d’entrer dans la coalition contre Sadam Hussein, en Irak. C’est paradoxalement cette décision qui donna à Chirac sa stature internationale, dans la pure lignée non-atlantiste du gaullisme historique.

Giscard, pour sa part, eut surtout du mérite à chasser le grand fauve en République démocratique de Centrafrique, avec son copain aux diamants, l’inénarrable Jean-Bodel Bokassa… Giscard n’eut aucune stature internationale ou européenne, autre que monétaire. Ce qui n’est déjà pas mal !

Je soupçonne Sarkozy d’avoir flairé le bon coup avec les conneries de son ex-pote Khadafi. Profitant de sa présidence du G8 et du G20, il s’est naturellement porté chef de la coalition, au nom de la liberté du peuple lybien oppressé par son dictateur. Très franchement (et là non plus, je ne fais pas d’humour), on ne peut qu’être d’accord avec le président français quant à sa volonté de stopper un tel fou dans le massacre de son propre peuple.

Mais, ayant appris de ses maitres, et peut-être plus encore de François Mitterrand, Sarkozy sait parfaitement que seule une action internationale forte peut lui rendre le panache qu’il a perdu depuis 4 ans avec sa politique intérieure . C’est pourquoi, l’action louable menée contre Khadafi lui donnera une stature internationale qui le recrédibilisera face aux Français. Son staff de communication saura faire fructifier ses paroles, ses actions et l’image qu’il renvoie dans le monde.

Au café du commerce, là où se fait la politique (et donc l’élection, hélas !?), les Français diront : « ouais, t’as vu Sarko, il a des couilles, non !? ». Et là, ce sont plusieurs points d’un coup qui sont pris dans les sondages… Il est comme çà, le Français, il aime bien que celui qui le représente ait des couilles…

Bravo Sarko, bravo l’artiste… Mais la course vers mai 2012 n’est pas terminée !

(Dessin de © Djony 2010, pour Philippe Méoule)