Les populations ivoiriennes ont commencé à fuir en masse Abidjan, la capitale ivoirienne transformée en un vaste champ de bataille par les partisans de MM. Gbagbo et Ouattara qui revendiquent tous deux la victoire aux élections qui se sont déroulé dans le pays, il y a 3 mois de cela. Cet exode des populations abidjanaises intervient au moment où les institutions africaines peinent à trouver une issue à la crise post-électorale en Côte d’ivoire.
Les gares routières de Yopougon (quartier situé à l’ouest d’Abidjan) et d’Adjamé(Nord) grouillaient de monde en ce samedi 19 Mars 2011. Un nombre très important de familles s’y sont massées, pressées de fuir les combats qui font rage à Abidjan. Les populations, apeurées par les bruits des canons et par les nombreuses victimes civiles qu’ont faites ces combats, ont décidé de rentrer dans leurs villages avec l’espoir d’y trouver la quiétude. La frayeur et la panique pouvaient se lire sur les visages des fuyards qui, pour certains, ont décidé d’emporter même leurs matériel électroménager. Ces combats, entre les forces de défense et de Sécurité fidèles au président sortant Laurent Gbagbo et les troupes des ex-rebelles fidèles à Alassane Dramane Ouattara, reconnu vainqueur par l’ensemble de la communauté internationale, ont fait jusqu’à présent 440 morts selon les chiffres de l’ONUCI, la mission des Nations Unies en Côte d’ivoire. Face à la violence des combats, les populations abidjanaises prises entre deux feux n’ont d’autres choix que de se déplacer pour se mettre à l’abri. Au départ, les populations d’Abobo ont fui massivement pour se refugier dans les autres quartiers dont Yopougon. Aujourd’hui, les voilà encore obligées de fuir Yopougon qui est à son tour devenue une zone de combat.
Le problème ivoirien est assez ironique. MM. Ouattara et Gbagbo qui revendiquent tous deux le fauteuil présidentiel ivoirien habitent curieusement le même quartier et leurs résidences sont séparées par un seul petit kilomètre ! Pourtant au lieu de s’affronter à Cocody où ils logent tous ; ce qui leur permettrait d’en finir au plus vite, ces deux leaders préfèrent s’affronter dans des quartiers populeux comme Yopougon et Abobo qui n’abritent pourtant aucun symbole du pouvoir. La vie dans la capitale qui est devenue très difficile après l’interdiction des exportations de cacao et la fermeture des banques orchestrées par Alassane Ouattara, s’est empirée avec les combats quotidiens entre les partisans des deux prétendants au poste présidentiel. Les regards des ivoiriens sont rivés vers l’Union Africaine qui tente désespérément d’accorder les deux leaders. La crise en Côte d’Ivoire, l’un des pays phare de l’Afrique de l’Ouest pèse lourdement sur les économies de la sous-région.