Triste illustration des dérives racistes d’une partie de l’UMP que vient de dénoncer – bien tardivement - Abderrahmane Dahmane. Elle ne datent pas d’aujourd’hui et sont hélas emblématiques de la société française alors qu’en matière de «racisme ordinaire, la parole s’est décomplexée au plus haut niveau de l’Etat» (20 minutes, 24 nov. 2009). Rien que le mot “ordinaire” fait froid dans le dos. Surtout au moment où Sarko et Cie nous la rejouent identité nationale, islam non soluble dans la République, glorification de l’héritage – «de civilisation» ! (20 minutes 3 mars 2011) chrétien – (il oublie toutefois “judéo-chrétien”, formule pourtant consacrée par la tradition) et tout le tremblement… Bientôt «Travail, famille, patrie» ?
Or donc, le nom de Josiane Plataret, illustre inconnue en dehors de son canton (maintenant nous savons qu’il s’agit de celui de Privas dans l’Ardèche) est destiné à faire le tour de la France car outre plusieurs articles de la presse nationale signalés sur Google Actualités :
Le Parisien Une candidate UMP suspendue pour des propos racistes sur Facebook (16 mars 2011) ;
encore Le Parisien Ardèche : l’humour douteux d’une candidate UMP dénoncé par SOS Racisme (16 mars 2011) ;
20 Minutes Cantonales : Une candidate suspendue par l’UMP pour des propos racistes sur Facebook (16 mars 2011) ;
France-Soir Une candidate UMP postait des blagues racistes sur Facebook (16 mars 2011) ;
Le Monde Cantonales : une candidate UMP suspendue pour une “blague” raciste (16 mars 2011) ;
Le Figaro Cantonales : candidate UMP suspendue (Flash-Info,16 mars 2011) ;
Curieusement, aucun article - à ma connaissance et pourtant, j’en ai soigneusement épluché la Une - sur Libération et pour la presse magazine, un article du Nouvel Obs Une candidate UMP suspendue pour des blagues racistes sur Facebook (16 mars 2011) ;
j’ai même découvert des articles de la presse régionale ! Bien évidemment et logiquement le Dauphiné Libéré SOS racisme condamne, la candidate regrette (15 mars 2011) mais aussi et plus surprenant jusqu’en Bretagne !
Ainsi Ouest-France Une candidate UMP suspendue après des propos racistes (16 mars 2011) et Le Télégramme UMP. Une candidate suspendue à cause de blagues racistes (16 mars 2011). En n’ayant garde d’oublier la radio (Europe 1, 16 mars 2011) Racisme : une candidate UMP suspendue.
Ce vaste panorama de la presse pour démontrer l’importance de la presse en ligne : naguère, Josiane Plataret aurait sans doute tenu les mêmes propos mais en petit comité (pas de FaceBook) et il aurait fallu un concours de circonstances assez extraordinaire pour que cela prît une telle importance au niveau national. Nul doute de surcroît que ce glorieux et nouvel épisode de la politique made in UMP ne fît aussi «Le tour du Monde en 80 secondes» grâce à la magie d’internet…
En même temps elle donne bien évidemment raison à Pierre Moscovici qui accuse Sarkozy d’être “responsable de la montée du FN” (Europe 1 ; 16 mars 2011 rendant compte de son intervention sur Public-Sénat). Je ne peux qu’adhérer à ses propos : «Il ne tient pas son rôle de gardien des valeurs républicaines»… Sarkozy n’a pas de valeurs – les seules qu’il défende sont sonnantes et trébuchantes : cotées en Bourse ! – et son penchant naturel le fait glisser vers les thèses soutenues par l’extrême droite.
Pierre Moscovici s’en est pris aux «débats lamentables» lancé par Nicolas Sarkozy, citant «le débat sur l’identité nationale, le débat sur l’islam et la république» et le fait que «s’agissant des révolutions arabes, au lieu de dire d’emblée, c’est une espérance, c’est une chance (…) il a dit attention aux risques migratoires comme s’il y avait des risques de déferlement»…
Je n’ai jamais pensé, dit et écrit autre chose. Comment voudriez-vous qu’il n’y ait pas ensuite ce que l’on qualifie de “dérapages” ? «Le poisson pourrit par la tête»… Qu’il s’agisse du copié-collé des propositions de Marine Le Pen : renvoyer les immigrés sans même leur laisser le temps de débarquer à Lampedusa comme le voulait récemment Chantal Brunel ou de l’injurieux «bobos salopards» lancé par le député UMP Jacques Myard à l’adresse de ses collègues de droite favorables au recul sur la déchéance de la nationalité (Le Monde du 9 mars 2011). Mais rien d’anormal à cela puisqu’il est membre du groupe Droite populaire qui est incontestablement une interface entre l’UMP et le FN… «Qui se ressemble s’assemble» dit à bon droit la sagesse (vraiment) populaire.
Josiane Plataret ainsi que François Arsac – le candidat UMP (parti radical valoisien) dont elle est la suppléante - parlant pour leur part de “maladresse“… et disant qu’il ne s’agirait pas d’une faute. MERDALOR ! Elle est plus que MAL-à droite : ignoblement répugnante. Il ajoute «qu’il ne faut pas en faire une affaire d’Etat»… Mais bien sûr que si ! C’est une énième saloperie qui augure bien mal de la future campagne présidentielle – lancée un an à l’avance. On peut déjà commencer à compter les étrons de campagne. Dérapages assurés mais il n’est pas certain qu’ils mettent le pied gauche dedans.
Dans tous les cas, s’il avait quelques vains espoirs de supplanter la gauche à Privas, il a grillé le peu de cartouches dont il disposait : il se présente contre le sortant, Hervé Saulignac (PS) qui semble bien assuré de l’emporter et le Conseil général de l’Ardèche devrait rester à gauche sans coup férir.
Jean-François Copé ne pouvait faire autrement que suspendre «immédiatement» Josiane Plataret «face à ces propos inacceptables». Encore un sacré boulet ! Mais je note sur Le Parisien que Jean-Claude Flory, présidenr de l’UMP ardéchoise était plus que dur à la détente, indiquant à l’AFP qu’il allait «prendre connaissance de l’affaire de manière adaptée : Il y a des procédures qui existent dans nos statuts, mais on va d’abord examiner le fond du dossier»…
Pour ce qui est du contenu des propos qu’elle tenait et fort heureusement notés par SOS-racisme, vous les trouverez rapportés dans les divers articles pour lesquels j’ai mis des liens. Ne comptez pas sur moi pour les reproduire ici, les lire en diagonale a amplement suffi à mon dégoût.
Toutefois, une petite touche plus amusante – il est vrai qu’un rien amuse mémé Kamizole ! – en lisant sur plusieurs articles que Jean-François Copé en avait profité pour appeler Martine Aubry à «faire preuve de la même fermeté à l’encontre des responsables du MJS (Jeunesses socialistes) et du PS qui ont autorisé et collé l’affiche visant à assimiler le président de la République à Adolf Hitler»…
J’avoue à ma plus grand honte que je ne connaissais ni cette affiche ni le tollé qu’elle a suscité à l’UMP et chez les Jeunes Pop. Vous pourrez lire à ce sujet sur Le Parisien Sarkozy comparé à Hitler : l’affiche du MJS ne passe pas sur la page perso d’un étudiant en sociologie et sciences politique qui se destine au journalisme) qui relate le coup de gueule de Copé : «Trop c’est trop !» avec beaucoup de punch et de virulence tout autant que d’à propos.
Vous pensez bien que dès que j’eus vent de cette affiche, je me suis empressée d’aller à la pêche sur Google. J’ai tellement souventes fois remarqué qu’il saluait curieusement du même geste de la main qu’Hitler que je ne risquais pas de trouver cette comparaison choquante. La preuve par cette photo au Fouquet’s que j’ai eu bien de la peine à retrouver.
Naturellement, Josiane Plataret ne pouvait faire autrement que présenter ses excuses. Comme s’il suffisait de présenter ses excuses… C’est tellement à la mode en ce moment ! Ce qui a été dit et/ou écrit l’a été. Quand on aspire à exercer des fonctions politiques on devrait être capable de mesurer l’exacte portée de ses propos. J’ai toujours considéré que les personnes qui cherchaient des excuses en prétendant qu’elles avaient parlé sous le coup de la colère ou de l’ivresse et que cela ne reflétait pas le fond de leur pensée nous prenaient pour de parfaits cons. Idem pour les comportements violents. J’ai le parfait souvenir d’un copain d’Orléans qui s’était pris une sacrée cuite à cause d’une dispute avec son amie et en fut sacrément malade mais resta tout à fait aussi gentil qu’il l’était à jeun.
Bien au contraire ! Précisément, la prise d’alcool et/ou de drogues – de même que certains médicaments anxiolytiques, anti-dépresseurs et somnifères dont on commence seulement aujourd’hui à mesurer les risques à la lumière de faits divers dramatiques - en levant les inhibitions, permettent d’exprimer le tréfonds de la pensée. Le cas récent de Galliano “créateur” (?) de haute couture - dont j’ai appris en même temps et l’existence et la disgrâce pour avoir tenu des propos antisémites – en témoigne à l’envi. Une pauvre tache (encore qu’il me fasse bien plutôt penser à une larve) montée en épingle – c’est bien le cas de le dire s’agissant de couture – dans un monde de ouf où le paraître et l’avoir ont pris le pas sur l’être et le faire. Dans d’autres milieux, l’on parlerait de “sac à vin”.
L’affaire de Josiane Plataret n’est en rien rigolote mais cela me trottait dans la tête : elle a présenté ses plus “platarettes” excuses.
Toujours le même barbarisme : «je m’excuse» – si la logique sémantique est respectée cela veut dire qu’elle s’auto-amnistie. Comment leur faire comprendre qu’il faut dire «je vous prie de m’excuser» ou «veuillez m’excuser» ?
D’autant que le respect de la syntaxe n’est pas du tout son fort selon ce qui est rapporté de son blog (certains articles semblent avoir remis la phrase d’aplomb). Mais si vous ne voyez pas ce qui cloche dans sa déclaration, je vous demande de bien vouloir lever le doigt. Je ne vous mettrais pas zéro mais vous expliquerais : «Moi-même étant d’origine étrangère de ma mère italienne, il serait malvenu de tenir des propos racistes envers telle ou telle nationalité ou Français issu de l’immigration»…
C’est bien pourtant ce qu’elle a fait mais il doit y avoir des étrangers moins étrangers que les autres. Surtout s’ils viennent de l’autre côté de la bien mal nommée «mare nostrum».
Et quitte à me répéter, au risque de prendre encore une bordée d’injures – j’y suis habituée et cela me fait autant d’effet qu’un “aca d’iau sur les pleumes d’un canard” – précisément par ce que je suis la fille d’une étrangère à qui l’on ne fit point de cadeau quant elle vint en France (surtout avec la crise de 1929) et qui elle-même dénonçait ce mécanisme pervers, je ne supporte pas les étrangers qui une fois ici n’ont qu’une idée : retirer l’échelle qui leur a permis de s’installer en France pour que d’autres étrangers n’en puissent profiter à leur tour.
J’ajouterais pour faire bon poids bonne mesure que je connais pas mal de personnes d’origine étrangère qui s’indignent à juste titre quand des étrangers de leur propre pays se conduisent fort mal en France (cela donne forcément une mauvaise image) et que tous ceux que j’ai pu fréquenter élèvent leurs enfants dans le respect des lois de la République. Ceci dit, qu’il y ait des étrangers qui s’en fichent carrément relève de la pure évidence.. Mais que l’on ne me dise surtout pas que les “sans papier” seraient plus délinquants que les autres ! Tout au contraire, ce sont eux qui ont le plus intérêt à adopter un profil bas – tout au plus pourra-t-on leur reprocher d’avoir des faux papiers… à qui la faute ? – et cherchent à s’intégrer, notamment par la scolarité de leurs enfants et la participation à la vie associative.
Madame Plataret, rengainez vos clichés éculés d’extrême droite. Ils nous foutent la gerbe et n’ont rien à faire dans un débat démocratique digne de ce nom. Auriez-vous oublié que vous parlez d’êtres humains qui sont fait de la même pâte que nous ?