Bien avant les premiers dieux
Il y avait déjà des hommes
des hommes libres de vivre heureux
Sans avoir besoin qu'on les nomment
Qui allaient et venaient à leurs guise
Dans un monde sans frontière sans église
Sans doctrine, sans combine
En respectant leur nid d' origine
Ils vivaient avec les oiseaux
Et savaient parler aux animaux
Ils naquirent du coté sombre
Les voleurs d'ombres
Au petit déjeuner de l'humanité
Ils sont venus avec des croix et des croissants
Et inoculèrent la peur à nos enfants
Et ils commencèrent leur rituel
Sous la lumière aveuglante de leurs autels
Il en appelèrent à l'éclat originel
Ils capturèrent les voyageurs des vents
Et les écartelèrent au point cardinal du néant
Ils asséchèrent les pluies et noyèrent les déserts
Ils plantèrent des pieux et jetèrent de l'eau bénite
Ils dressèrent d'innombrables buchers
Pour ceux qui ne voulaient s'agenouiller
Ils se sont partagés le monde et les hommes
Et gardèrent pour eux le grand sérum
Ils nous cachèrent la première vérité
Ils ont menti et ont cent fois triché
Et obligèrent les peuples à se déchirer
Ils promirent démons et merveilles
Et pour se faire crucifièrent quelques abeilles
Ils épurèrent le néant
Écorchèrent le firmament
Et vidèrent les océans
Et en l'espace d'un instant
Hypothéquèrent le chant
De puissance, de pouvoir et d'argent
Il encombrèrent nos rêves
Afin de mieux pourrir notre sève
Il gommèrent notre inconscient
Par d'odieux sacrements
Et par leur solennels baptêmes
Nous jetèrent l'anathème
Il burent chaque larme de notre innocence
Pour ne laisser en nous que la violence
Il nous montrèrent le ciel
Pour nous injecter le fiel
Ils mystifièrent les mystères
Pour nous inculquer leur chimère
Et pour que la mort nous effondre
Il nous laissèrent le nombre
Aujourd'hui le monde sombre
A quoi servent les voleurs d'ombres ?