Entre le paradis et l'enfer, elle a choisi le purgatoire
Ce chemin tout tracé qu'elle croyait maîtriser
N'était autre qu'un refrain trop souvent réitéré
Opposant continuellement le rouge et le noir
Dans son esprit empreint d'une sombre mémoire.
« C'est ma faute, c'est ma faut, ma très grande faute »
Elle attend assoiffée la promise punition
La rengaine a planté cette semence d'expiation
Mais où se cache donc cette espérée compassion
Que tous les maux effacera et le péché lavera ?
L'enfant intérieure malgré elle se souvient
Du regard, de l'odeur et du toucher si différents
De cet homme trop âgé pour que le geste soit innocent.
Comment parenté, oncle, famille du même sang
Pourraient-ils si sournoisement incarner le loup méchant ?
« Prends pitié de nous, pardonne-nous, purifie-nous ! »
Inhibant son allégresse parmi la masse de l'accusante messe
Elle fuit sa jeunesse en s'interdisant toute ivresse.
Et c'est aux anges, aux Saints et à la vierge en détresse
Que ses rêves, ses voeux et ses prières à genou elle adresse.
« Je ne suis pas digne de te recevoir, mais dis seulement une parole… »
Elle s'est un jour levée et par ses petites peurs a débuté
Une à une reconnues, acceptées et vite évincées
Pour mieux voir de ses yeux jadis voilés et son coeur violé
Sa lumière éclatante que toute honte à jamais immole.
C'est enfin à l'Univers, aux astres et à la Terre-mère en fête
Qu'elle offre à chaque instant sa gratitude sans retenue
De lui rappeler sans cesse cette vérité douce et nue
Que ni mémoire, ni espoir ne dessinent le bonheur attendu.
Et forte de sa renaissance sans les attaches qui l'atténuent
Elle sait qu'elle est entièrement revenue
Que sa tenue du dimanche a vêtu
Et sans peur à sa conscience dit :
« Que ta volonté soit faite ! »