Si l'orgueil pouvait suffire à remporter une coupe du Monde, nul doute que Thierry Dusautoir serait en mesure de nourrir l'ambition de soulever le trophée en octobre prochain. Mais on sait bien que l'orgueil ne suffira pas. Ni même l'aggressivité mise au service de la défense.
Hier soir, dans un Stade de France qui eut le bon goût de ne pas accabler de sifflets ni l'équipe, ni son entraîneur, le XV de France à ravivé une flamme qu'on croyait définitivement éteinte depuis la déroute romaine de la semaine passée. Mais qu'on ne se leurre pas, le sursaut entrevu n'effacera pas les sérieux doutes éprouvés sur le projet de jeu de Marc Lièvremont et sur sa capacité à tirer le meilleur parti des joueurs mis à sa disposition.
Face à des Gallois très éloignés de leurs qualités de "Chelémards" 2008, les coéquipiers de Thierry Dusautoir ont privilégié ce qui fait habituellement leur force depuis quelques années, à savoir une grosse défense. En y ajoutant, il faut le noter, une agressivité dans les rucks qui leur avait cruellement fait défaut lors du match précédent. Cette aggressivité qui permet de ralentir les ballons adverses, de mettre sous pression les attaquants et de faire reculer à l'impact le porteur de balle et ses soutiens. A cet égard, le retour de Thomas Domingo en première ligne a permis de constater combien le taurillon Auvergnat était précieux dans ce domaine. Tout comme fut bénéfique le retour ...de flamme de Lionel Nallet, visiblement soucieux de se refaire dans un tournoi mal emmanché pour lui.
C'est un fait, la défense française a fait preuve d'une bonne efficacité. Mais elle s'est aussi montrée friable sur les ballons de relance adverses et des plaquages manqués (notamment sur des offensives dans l'axe du terrain) auraient pu coûter cher si nos amis Gallois avaient fait montre d'un peu plus de lucidité ou de réussite.
On ne se berçait pas d'illusion sur la capacité de l'équipe de France à faire preuve de cohérence offensive. Le énième changement intervenu dans la composition des lignes arrières n'apportait aucune certitude sinon celle d'assister à un jeu d'attaque plus improvisé qu'autre chose. Et mis à part le troisième essai tricolore, inscrit après une action construite sur un joli petit coup de pied par dessus la défense de François Trinh-Duc, on n'a pas franchement vu grand chose d'intéressant dans ce domaine. Les deux autres essais, oeuvre de Lionel Nallet, ont été marqués sur des ballons de récupération et deux erreurs galloises.
Même si la charnière Parra - Trinh-Duc a rassuré sur son potentiel, il reste encore bien des scories à gommer. Et l'aptitude de l'équipe à créer des brèches et jouer plusieurs temps de jeu réellement destabilisant pour l'adversaire reste à démontrer.
Autre point noir, la touche, qui s'est montrée peu satisfaisante, en particulier s'agissant de la protection du ballon. C'est ennuyeux lorsqu'on sait combien ce secteur est désormais primordial pour lancer les attaques placées. Quant à la mêlée, elle n'a pas été à son meilleur. Qui plus est, ces phases n'ont pas été nombreuses. C'est presque une bonne chose, tant la mêlée est devenue une forme d'obsession dans le camp Français, au détriment de tout le reste...
Au final, ce dernier match du Tournoi nous aura confirmé que l'équipe de france demeure encore et toujours, une équipe à réaction, capable de panache lorque son orgueil est piqué au vif. Pour le reste, rien de nouveau sous le soleil dyonisien.
On aimerait croire que le retour de certains blessés (Szarzewski, Mermoz....) et une phase de préparation suffisamment longue avant la coupe du monde apporteront des réponses à toutes les questions que le succès d'hier n'a pas, loin s'en faut, effacées.
A vrai dire, on n'en est pas franchement convaincu.