La solution: Va pensiero, du poète Temistocle Solera, librettiste du Nabucco de Verdi

Publié le 20 mars 2011 par Chantalserriere

Tandis que l’Italie a ouvert ce week-end les célébrations marquant les 150 ans de son unité

Va, pensiero sull ali adorate

va, pensée sur tes ailes dorées….

chante le toujours et plus que jamais le choeur des esclaves dans le célèbre opéra de Verdi, Nabucco. Choeur symbolique qui incarne, au moment  du Risorgamento, le peuple italien en lutte. VIVA VERDI !  criait-on dans les rues.

L’enthousiasme de la formule cachait en elle-même, le sigle d’un autre cri  de ralliement, celui de l’adhésion au mouvement de l’unification italienne: Viva Victor Emmanuel, Roi d’Italie!

“Car c’est en effet  le célèbre « Va, pensiero » de Nabucco , composé en 1842, vingt ans avant l’unification italienne, qui servit alors aux Lombards (lesquels s’identifiaient ainsi aux Hébreux prisonniers des Babyloniens), d’hymne national avant la lettre, avec des vers ciselés, d’après le « Psaume 137 », par le poète Temistocle Solera .”

Sous les paroles apparemment innocentes, l’auteur révèle toute la force d’une pensée libre  permettant de  résister et de supporter avec courage les souffrances endurée par tout un peuple.  La puissance de la musique qui porte le poème, sa gravité dégagée de tout ornementation futile, la beauté de la ligne mélodique soulèvent toujours l’émotion, quel que soit le public et le lieu. Il est de tradition de bisser l’exécution de ce passage de Nabucco. Le 12 mars dernier, la représentation avait lieu à Rome et ouvrait symboliquement les manifestations culturelles qui accompagneront la célébration des 150 ans de l’unité italienne. Au moment de la reprise du choeur, le chef d’orchestre, Ricardo Muti , s’est tourné vers la salle et l’a fait chanter avec les choristes. Les larmes coulent. Emotion palpable et profonde, en écho à la longue histoire des générations d’hommes et de femmes qui ont fait ce pays et auquel Muti a rendu hommage en rappelant combien sa tradition culturelle était prestigieuse et combien elle s’avérait fragile si l’on continuait à la priver d’encouragement, comme c’est le cas aujourd’hui… Berlusconi était dans la salle. A-t-il entonné le choeur du peuple résistant?