UN CHIEN EST MORT
Mon chien est mort.
Je l’ai enterré au jardin
près d’un vieil engin sous la rouille.
Là, ni plus bas,
ni plus haut,
un jour il me retrouvera.
Pour le moment i1 est parti avec son poil,
avec ses airs mal élevés et son nez froid.
Et moi qui ne crois pas, matérialiste,
au ciel promis, au ciel céleste
pour aucun homme quel qu’il soit,
pour ce chien ou tout autre chien
je crois au ciel, oui, je crois en un ciel
où je n’entrerai pas, mais où il m’attend lui
en agitant la queue ainsi qu’un éventail
pour qu’à mon arrivée l’affection m’y accueille.
[...]
Il n’y a pas d’adieu pour mon chien disparu.
Il n’y a, il n’y eut de mensonge entre nous.
Il est mort, je l’ai enterré. Voilà, c’est tout.
(Pablo Neruda)