Ce recueil se remarque d’abord par son format : 15 cm x 30 cm. Avec un tel ouvrage, on ne peut pas ranger la poésie amérindienne au fond d’une poche. Et c’est une découverte que j’attendais, après avoir vu Rivages d'outre-monde, spectacle du Praxinoscope Théâtre : lire des auteurs contemporains et pas toujours les chefs indiens morts, les discours généreux sans doute mais dont on a du mal à entendre le propos aujourd’hui sinon comme une longue plainte nostalgique. Ici, dans cette anthologie, on a à faire avec la poésie vivante, avec des auteurs, hommes et femmes, inscrits dans la vie du monde mondialisé et pas seulement sur le dos de la Terre-Tortue.
Quelques extraits :
Helen ne peut pas croire qu’elle est belle.
Elle n’embrasse pas.
Parle peu.
Se prend en photo pour s’assurer qu’elle existe.
Helen se prend en photo.
Beth Brant
en une demi-heure de conversation autour d’un repas
ou en attendant un bus
vous voudriez tout savoir
condensé
corrélé
et facile à digérer.
Kim Caldwell
Je vois maintenant
les deux derniers endroits verts de la terre
un parcours de golf
et un cimetière
Jeanetta Calhoun
résistance est une femme
dont la terre est en feu
persévérance et détermination
sont ses filles
Connie Fife
Progressivement vous perdez votre langue
et vous ne vous en rendez presque pas compte
Armand Garnet Ruffo