Le tribunal correctionnel de Nîmes examinait lundi une douloureuse affaire de vol de portable qui a dégénéré.
Bilan : le possesseur du téléphone mobile s'est retrouvé dans le coma pendant trois mois et a subi des lésions gravissimes, qui lui ont fait perdre la totalité de sa mobilité.
L'affaire ? Au Grau-du-Roi, en août 2009, deux Gardois - un majeur et un mineur - qui se trouvent face à un habitant du Var. Ils en veulent à son portable. C'est d'ailleurs à cause de ce téléphone mobile que tout va basculer.
Apparemment, les deux hommes lui prennent le cellulaire. Mais le jeune Varois (26 ans) souhaite le récupérer et se retrouve accroché à la voiture. Qui le traîne sur 160 mètres, provoquant de terribles blessures.
À l'audience, le prévenu conteste s'être rendu vraiment compte que la victime était traînée. Et affirme que lorsqu'il en a pris conscience, il était trop tard. Pour Julien Sobrevia, 24 ans, tout est allé trop vite. Le vol ? Il le conteste.
Sur les bancs des parties civiles, la famille de la victime, pudique et digne, peine à cacher son émotion. Son avocat, Me Pin (Toulon), évoque le calvaire de cette mère confrontée à un fils à qui elle parle tous les jours. « Mais il ne lui répond pas. »
Pour l'avocat varois, les explications du prévenu sont « fantaisistes et pas crédibles (...) Il n'a pas le courage d'assumer. Quand on vient dire que l'on n'a rien fait, on se moque du monde, du juge d'instruction, du tribunal ».
L'accusation, représentée par le vice-procureur Dominique Sié, exprime son indignation quant à la position du prévenu. « Vous vous foutez du monde ! », tempête le parquetier en s'adressant au prévenu, le regardant droit dans les yeux et après être descendu de son bureau.
Les faits sont « détestables, d'une gravité sans pareil pour un motif futile. Vous auriez pu vous retrouver aux assises ! Et la victime ? Elle n'est pas morte, mais c'est tout comme. » Le procureur requiert une peine qui ne soit pas inférieure à quatre ans et demande la prison après l'audience.
Pour la défense, Me Philippe Expert se tourne d'abord vers la famille de la victime, pour l'assurer de sa compassion et du regret exprimé par le prévenu ayant vécu comme « cauchemardesque » sa détention provisoire.
Selon l'avocat, s'appuyant sur une expertise psychologique, « c'est un sujet qui a pu se sentir menacé », ce qui expliquerait qu'il ait démarré la voiture.
Quant au vol, il n'est pas fondé, estime Me Expert.
Après délibéré, Julien Sobrevia a écopé de trois ans ferme et a été conduit en prison
Source : Midi libre