Haïti : une élection chaotique

« Arrivé au nord, il m’a fallu me défaire de toute la lourde réalité du sud qui me sortait par les pores. J’ai mis trente-cinq ans pour m’adapter à ce pays d’hiver où tout est différent de ce que j’avais connu auparavant. De retour dans le Sud après toutes ces années, je me retrouve dans la situation de quelqu’un, qui doit réapprendre ce qu’il sait déjà, mais dont il a dû se défaire en chemin. J’avoue que c’est plus facile d’apprendre que de réapprendre. Mais le plus dur c’est encore de désapprendre. »
Dany Lafferière, L’énigme du retour.

Dans le cas de Jean-Baptiste Aristide, ex-président d'Haïti, chassé par deux fois du pouvoir, il semble qu'il n'y ait aucune énigme à son retour. Il espère bien semer un peu de désordre dans les élections qui se tiendront demain et pourquoi pas en retirer quelques bénéfices. Son pouvoir de nuisance reste malheureusement vivace. «L'exclusion de Lavalas (son propre parti) aux élections, c'est l'exclusion de la majorité des Haïtiens. La solution est dans l'inclusion», a dit Jean-Bertrand Aristide en créole lors du discours de retour qu'il a prononcé à l'aéroport de Port-au-Prince, laissant entendre qu'il pourrait contester la légalité du deuxième tour du scrutin présidentiel qui doit avoir lieu demain.

Jean-Bertrand Aristide a pris un bain de foule en rentrant à Tabarre où se trouve sa résidence dont l'entrée a été décorée de petits drapeaux haïtiens. Brandissant des photos de l'ex-président, des milliers de partisans ont souhaité un «bon retou» à l'ex-président alors que le Fanmi Lavalas diffusait des appels à manifester sur la principale place de Tabarre.

Les Haïtiens sont appelés à choisir entre l'ex-Première dame, Mirlande Manigat et le chanteur Michel Martelly. Selon les derniers sondages, ce dernier a une bonne longueur d'avance dans les intentions de vote. La situation reste tendue. Les séquelles du tremblement de terre de l'an passé sont encore tellement présents. 

Il y a ceux qui sont chassés et ceux qui reviennent et ceux qui ne veulent pas décoller de leur siège de président-dictateur.... Il y a du chaos dans l'univers de cette catégorie d'individus, peu nombreuse mais toujours trop. Dommage que ce chaos ne profite pas plus rapidement et sans victime aux populations concernées.