DUBAI – L’implication militaire d’une coalition de pays occidentaux et de pays arabes en Libye va permettre d’assoir les changements politiques obtenus en Tunisie et au Egypte. Cette alliance –ce pacte– crée un lien fort entre l’Europe, les Etats-Unis et les pays du Golfe, qui sera déterminant dans l’évolution de cette région, cruciale pour l’approvisionnement en énergie du monde. Et pous sa sécurité.
La neutralisation du maître de Tripoli
La neutralisation du colonel Mouammar Kadhafi était indispensable pour conduire à bien les changements de régimes opérés à Tunis et au Caire. A la tête depuis la révolution de 1969 d’un pays vaste, sous peuplé, mais riche en pétrole, il s’était montré dangereux et imprévisible au début de son règne, pour finir plus accomodant. Mais ni les Américains, ni les Britanniques, ni les Français n’avaient oublié les violences qu’il avait su déchainées contre eux. La liste est longue entre les attentats terroristes comme le sabotage du vol de la TWA au dessus de Lockerbie ou celui du DC 10 d’UTA dans le désert nigérien, ou les affrontements militaires dans le Golfe de Sidra ou dans la bande d’Aouzou. Il était aujourd’hui devenu plus encombrant que périlleux, mais ses ressources étaient nécessaires pour financer le décollage économique de ses deux voisins, riches d’espérances, mais aux trésors bien vides. Isolé à Tripoli, il laissera la Libye devenir un poumon bien utile pour que les révoltes, surtout en Egypte, ne s’essoufflent pas et ne s’achèvent en totales désillusions.
Mais pour en arriver là Washington, Paris et Londres qui redoutent avant tout d’être accusés de renouer avec la politique de la canonière, et d’être ensuite la cible de la vindicte des extrémistes hurlant au néo-colonialisme avaient besoin d’une forte caution arabe. Ils l’ont trouvé auprés de partenaires bien paradoxales dans ce soutien apporté au printemp arabe: les monarchies du Golfe, et surtout la première d’entre elles, l’Arabie Saoudite. Sans le poids moral de Ryad et ses énormes moyens financiers, rien n’aurait pu se faire. Les Emirats Arabes Unis et Qatar ont même annoncé qu’ils allaient participer aux opérations militaires en Libye.
Fausses républiques, vraies monarchies
Le prix à payer pour cette caution est clair : il sera demandé aux pays occidentaux, promoteurs de changements de régimes dans des républiques devenues des monarchies déguisées, comme la Tunisie, l’Egypte, ou encore le Yémen ou la Syrie, de ne rien faire pour encourager les révoltes dans les vraies monarchies, qui n’ont pas envie de s’embarrasser de parlements, d’élections et de citoyens libres et égaux. Les rois et les émirs préfèrent de loin des sujets. Il faudra également que l’Occident, et avant tout les Etats-Unis, fassent preuve de la même diligence militaire face au seul danger qui préoccupent véritablement les potentats conservateurs des royaumes pétroliers: l’Iran.