Ce n'est pas tous les jours que j'ai la chance et l'immense honneur d'interviewer un éminent professeur de faisabilité physyconucléairestatégique ! Aussi n'ai-je pu me retenir de vous dévoiler l'entretien que j'ai eu avec le Professeur Hitérole (dit Prof Hitérole) en lien avec des évènements actuels.
Fabiano : Depuis la nuit des temps, mais peut-être plus actuellement, l’humanité aime courir le risque. Comment pouvez-vous expliquer ce phénomène ?
Prof. Hitérole : Il est vrai, et je ne risque pas de me tromper en vous disant, que l’homme aime courir le risque. C’est une activité endémique qui permet à l’être humain de courir sans se fatiguer physiquement. Contrairement au marathon qui nécessite un entraînement, une condition physique irréprochable, la course au risque ne requiert pas un régime alimentaire précis, une préparation musculaire, un coaching particulier. Courir un risque demande simplement un peu de témérité, parfois une bonne dose d’inconscience ! Les qualités requises sont plutôt mentales mais le mieux est de ne disposer d’aucuns attributs cérébraux ! A la limite, une bonne « tête brulée » est la plus à même de courir le risque de la façon la plus optimale !
Fabiano : Ah !? Mais ce n’est pas dangereux pour la santé ?
Prof Hitérole : Pour la santé mentale vous voulez-dire ? Pour le dernier cas cité il n’y a aucun danger ! La vacuité intellectuelle est telle qu’une chute dans les abysses neurologiques n’est même plus envisageable. Le sujet a déjà atteint le fond ! Le danger est potentiellement présent pour une personne dite sensée !
Si elle court trop longtemps un risque elle peut arriver sur une ligne d’arrivée nocive voire meurtrière pour elle comme pour son entourage !
Fabiano : Comment cela ?
Prof Hitérole : A la vérité courir un risque est une activité hasardeuse ! Contrairement au marathon (j’aime utiliser cet exemple contradictoire) le parcours n’est pas balisé ! Il est même, par nature, aléatoire ! L’individu qui court un risque ne sait jamais combien de temps il va le courir ! C’est un sport sans chronomètre et la ligne d’arrivée n’est, parfois, jamais atteinte ! Mais lorsqu’elle l’est cela signifie que le risque cesse d’être couru car l’accident arrive !
Fabiano : L’accident ?
Prof Hitérole : Oui, l’accident qui s’insinue sous le risque. Il faut comprendre que courir un risque peut mal se terminer quand le danger potentiel et latent que dissimule le parcours finit par éclater ! On atteint alors la ligne d’arrivée souvent calamiteuse !
Fabiano : Je ne comprends rien ! Vous avez des exemples précis ?
Prof Hitérole : Et comment mon neveu ! L’actualité nous en fournit deux précisément.
D’abord le cas du Japon. Les autorités nippones ont couru le risque d’installer une centrale nucléaire sur une zone sismique et au bord de l’océan. Tant que la nature permet cette course tout va bien. Mais quand les éléments de déchainent on voit le résultat ! La catastrophe éclate ! La course au risque a atteint son point de chute et arrive la course contre la montre pour éviter de nouveaux risques !
Fabiano : Vous voulez-dire qu’un risque qui meurt donne naissance à des petits ?
Prof Hitérole : Exactement ! Et une nouvelle course commence ! Mais ne me coupez pas ! Le deuxième exemple est celui de la Libye ! Et cet exemple me permettra de répondre exactement à votre question intempestive ! Pendant de nombreuses années on a couru le risque de vendre des armes à Mr Kadhafi ! On l’a d’autant fait que ce Monsieur s’est montré fréquentable, amène, prêt à reconnaître ses erreurs terroristes du passé et à libérer des infirmières gourmandes de yaourt ! On a couru ce risque les yeux fermés ! La course a été longue ! A présent elle s’achève car l’accident surgit : une guerre contre son peuple qui s’insurge. Le Tyran utilise les armes qu’on lui a vendues pour mater la rébellion. Alors la communauté internationale court un nouveau risque : celui d’une intervention militaire pour protéger les civils ! Un risque meurt, un autre survient !
Fabiano : Mais en quoi la communauté internationale court-elle un nouveau risque ?
Prof Hitérole : Parce que c’est ainsi ! C’est une loi quasi physique ! La nature a horreur de l’absence de risque ! La course au risque est l’essence même de la vie ! En l’occurrence on ne sait nullement quelle sera la réaction du maître de Tripoli ! Lancera-t-il quand même des bombes sur Benghazi, la cité des insurgés ? Se vengera-t-il sur la France dont le Président a, le premier, suggéré des frappes contre le tyran ? Canardera-t-il des bateaux en Méditerranée ? Nul ne le sait ! On court un risque !
Fabiano : Oui mais on le courrait tout autant en ne faisant rien !
Prof Hitérole : Exact ! Excellente réponse ! Même quand on ne fait rien on court un risque ! Hé oui, c’est finalement un sport très cool qui ne demande aucun entraînement spécifique !
Fabiano : Mais un sport pas tellement sponsorisé !
Prof Hitérole : Détrompez-vous jeune homme ! Ce sport est très médiatisé et très sponsorisé. En fait, il me faut modérer mes propos. Ce sport brasse de l’argent, en vérité. Les participants à la course au risque sont souvent amenés à payer des cotisations à la Fédération Internationale de la Course au Risques.
Cette Fédération n’est autre qu’une constellation de compagnies d’assurances ! Ces nobles institutions suivent de près l’évolution des courses. Elles font grimper les cotisations si le risque couru est gigantesque ! Donc versements à géométrie variable ! Mais ces compagnies se doivent de sponsoriser certaines courses pour qu’elles ne s’éteignent pas. On peut, par exemple, demander à un quidam de payer une prime s’il court le risque d’être accidenté alors que l’individu en question n’avait jamais envisagé de courir ce risque ! Vous comprenez ?
Fabiano : Pas trop, mais je vais arrêter là l’interview car je risque la migraine. Ah, non, une dernière question : ce sport a-t-il déjà été éclaboussé par des affaires de dopage ?
Prof Hitérole : Mais il ne fait que cela ! Les pratiquants de ce sport se dopent énormément à l'adrénaline ou à l'inverse se gavent d'anxyolitiques pour aller jusqu'au bout du risque !
Fabiano : Je ne comprends vraiment rien ! Bon, je vous laisse Professeur ! Merci encore pour vos réponses !
Prof Hitérole : Bonne journée ! Elle risque d’être pluvieuse. On annonce un orage !