L'engagement militaire en Libye est une décision très risquée face à une opinion qui est d'abord marquée par la crainte en la matière comme le montre le récent sondage Ifop pour La Croix.
Deux cadres de décrochages existent entre la position gouvernementale et l'opinion :
1) Les "révolutions arabes" suscitent à ce jour d'abord la crainte (53 %), des perspectives de vagues migratoires (83 %), une poussée de l'islam (68 %) ... Dans l'opinion française, ces mouvements ne suscitent pas l'espoir.
2) Un régime "spécial" pour la Libye devrait-il être instauré sans effet mécanique pour d'autres régimes placés dans des conditions comparables ?
Avec deux interrogations majeures de ce type, le Gouvernement est sur un chemin très étroit.
Il n'est pas sûr à moyen terme que l'engagement français ne suscite pas un terrible effet boomerang dans l'opinion française ? Cet effet est même dès à présent en esquisse dans les enquêtes disponibles. Seul un règlement rapide sans drame humain paraît de nature à ne pas déclasser à court terme l'appréciation de cette intervention.
C'est une séquence particulièrement risquée pour Alain Juppé qui est ouverte.