Un petit mot tout d'abord sur le nom de ce petit village situé entre Duras et Miramont de Guyenne, à l’ouest du département de Lot-et-Garonne. C’est le souvenirde l’invasion d’une tribu des Alamans au VIème siècle….Chaque année au printemps, nous venons par ici reconstiter les stocks de vin rosé de Bergerac et de rouge de Côtes de Duras, en prévision des agapes de l'été.
Mais ici, c’est la petite église qui nous attire. Elle remonte vraisemblablement au Xème siècle et fut profondément remaniée au 17 ème.
Elle recèle un extraordinaire ensemble de fresques qui courent le long de la nef, et qui datent du XVème.
Longuement recouvertes par d’épaisses couches de badigeon, elles furent redécouvertes en 1935….Pour notre plus grande joie.
Deux histoires s’entrecroisent : la Passion du Christ, de la Sainte Cène à la mise au tombeau, et le Jugement dernier.
On peut donc suivre, comme sur un joli diaporama et depuis le début du mur nord vers la fin du mur opposé : la Cène, dont il ne subsiste que la table et sa nappe, l’arrestation de Jésus, la Flagellation, le Portement de Croix, la Crucifixion, La Mise au tombeau, les Saintes Femmes, la Résurrection, l’apparition à Marie-Madeleine, le Jugement, Saint Michel terrassant le Dragon.
L’Enfer, enfin, particulièrement effrayant avec ses pauvres damnés bouillant avec résignation dans une immense marmite, tandis que des diables rouges et noirs dotés de pieds à griffes immenses approvisionnent le frichti, qui portant des pêcheurs embrochés le long d’une pique, qui les transportant, tels des raisins murs, dans une hotte d’osier – nous sommes en plein pays de vignoble.
Pas aussi impressionnant que Saint-Savin sur Gartempe, dont le style appartient à l’art roman, on trouve ici une pureté de style et une unité chromatique remarquables, de très belles bordures à rubans pliés, des visages expressifs.
Ce qui est dommage, c'est que le percement du mur nord pour faire communiquer la nef avec la chapelle latérale, a détruit une grande partie des images qui se trouvaient là...Mais au XVIIème siècle, on devait trouver ces peintures ringardes....
Il n’y a pas foule, du moins en cette période de l’année.
L’éclairage est bien agencé, vous mettrez 1€ pour profiter d’un instant de grâce, et plus si vous voulez contribuer à la maintenance de ce magnifique témoignage de l’art naïf du XVème siècle en Guyenne.
En ce temps de carême, je dédie ma prière aux rescapés japonais réunis dans les gymnases et autres centres d'accueil, qui ont tout perdu et pensent à la catastrophe éventuelle qui les menace...