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Chronique d'un jour au salon du livre de Paris

Par Desblablas

Le métro, c'est toujours une sorte d'épreuve pour qui n'en a pas l'habitude. Rien d'insurmontable, bien sûr, mais j'ai à chaque fois l'impression d'être un extra-terrestre en train de découvrir une civilisation inconnue. Sauf que cette fois-ci, le trajet est un peu particulier puisqu'il s'agit de rejoindre le salon du livre dès l'ouverture. Et puis le métro, c'est aussi le lieu des situations ou des rencontres les plus improbables. Je me souviens, il y a deux ans, alors que je me rendais aussi au salon du livre, j'avais assisté à une bagarre entre deux femmes, où l'une poursuivait l'autre à chaque station pour raviver les braises de leur discorde. C'est là aussi que je m'étais retrouvé assis à côté d'Alexandre Lacroix, écrivain et rédacteur en chef du magazine Philosophie et qui avait été mon voisin à Avignon il y a plusieurs années. Vous me direz, en route vers le salon du livre il y a de fortes chances que l'on retrouve des têtes connues. En métro, c'est pas gagné, quand même. Cette année, à mesure que les stations vers la Porte de Versailles se présentaient, il est devenu très facile de voir qui s'y rendait également. A l'image de ces élèves de 5ème accompagnés de leur professeur. Bonne humeur au rendez-vous. Les blagues fusent.
Arrivée au Salon du livre. La foule est là, attend l'ouverture. En fait, si on n'est pas intéressé par certaines conférences et si on ne veut pas attendre, il vaut mieux arriver un peu plus tard. Les gens font leur queue : particuliers, professionnels. Dans tous les cas, c'est un peu électrique. C'est tout de même bizarre, l'ambiance est aussi ici au « faudrait voir à pas se laisser passer devant ». Bref, il y a des choses qui ne changent pas.

Une fois entré, c'est le temps de l'acclimatation, du tour pour rien,  histoire de  prendre la température. Je récupère programmes et autres fascicules permettant de se familiariser au mieux avec les lieux et de s'y retrouver, de ne pas se sentir noyé par la grandeur du lieu. Parce que c'est grand, y'a pas à tortiller là-dessus. Je marche, je repère les allées, je marche... Dans ces cas là, il vaut mieux être équipé de bonnes chaussures, surtout si on reste tout le temps au salon. Tant de livres, tant de maisons d'éditions, ça a un côté un peu étouffant. Et encore, les allées ne sont pas chargées comme elles le seront sans doute demain à la même heure. 
Vers 10 heures 30, petit arrêt aux éditions Elytis et première série de questions que je me fais un plaisir de vous restituer ici. 




Reprise de la marche. A tout bien considérer, je suis encore en phase prospection. Je ne me suis pas véritablement arrêté pour regarder les livres, encore moins en acheter ou m'en faire dédicacer. De toute manière, je ne cours pas forcément après les signatures. 
Je m'arrête sur le stand Denoël, papote un instant avec Gilles Dumay, directeur de la collection Lunes d'Encre, très sympathique, qui m'annonce que l'année n'a pas commencé sur les chapeaux de roue (c'est un euphémisme) mais qu'il compte beaucoup sur les titres à paraître en deuxième partie d'année (de Frank M. Robinson, Charles Wilson...). A suivre...

Il y beaucoup de scolaires aujourd'hui. Il faut dire que contrairement aux autres années, le salon ne continuera ni mardi, ni mercredi. Là encore, beaucoup de bonne humeur, c'est l'ébullition sur les stands des éditeurs jeunesse. Et après on entend tout le temps dire que les jeunes ne lisent pas, plus. La grande scène consacrée aux coups de cœur des ados, où ils échangent à leurs propos, aurait tendance à me prouver le contraire. Elle est pleine. Il y a beaucoup de jeunes lecteurs aussi sur les stands BD et manga. J'entends même ceci (j'avoue, j'économise la batterie du micro, je ne peux pas me balader en le brandissant en l'air. Et puis j'aurais l'air très bizarre, non?), j'entends donc : « Ah ça, c'est l'éditeur de mon manga préféré ! ».
A 12 heures 30 et des poussières commence la table ronde « Le thriller dans tous ses états » sur la Scène des auteurs. Eric Giacometti anime la rencontre avec Maxime Chattam, Eric Nataf, Johan Theorin et, pour remplacé au pied levé Jean-François Parot qui n'a pas pu venir, un invité surprise dont l'étrange paticularité dans ce débat est de ne pas avoir écrit de polar, mais une enquêtes sur les dessous financiers du vatican. L'exercice est un peu casse-gueule, en partie à cause de la thématique. La rencontre n'est pas franchement passionnante. Eric Giacometti présente les auteurs, pose une question à chacun d'entre eux à tour de rôle mais il n'y a pas vraiment de liant. C'est une rencontre un peu fourre-tout où l'on n'apprend pas grand chose. L'improvisation peut parfois s'avérer savoureuse, là, elle n'est qu'ennuyeuse. Et c'est bien dommage parce qu'un auteur comme Johan Theorin aurait mérité qu'on s'intéresse à son travail de manière plus approfondie. J'ai beaucoup entendu dire - notamment par des gens qui ont l'habitude de fréquenter des salons - que ce rendez-vous annuel porte de Versailles n'est qu'une grosse foire commerciale. Une petite pause aux toilettes (eh, oui, désolé de vous fournir même ces détails mais...) aurait tedance à me faire croire qu'ils ont raison. En haut des pissotières sont suspendus de petits cadres avec des illustrations à l'intérieur. J'ai tout d'abord la naïveté de croire que les numéros figurant dessus ne peuvent décemment pas correspondre à un stand. Et bien si... même là, la pub rayonne. Néanmoins, le salon du livre, c'est aussi l'occasion pour beaucoup de maisons d'éditions et d'auteurs de se faire connaître, de montrer leur production et à ce que je vois, à ce que je découvre, il y en a beaucoup qui valent le détour. Je pense que j'y reviendrai. La fin de la journée approche. Je réalise une petite interview de Frédéric Weil des éditions Mnémos mais la sono est si forte à la table ronde derrière nous que le fichier n'est pas exploitable... les aléas des enregistrements pris sur le vif. On devrait remettre ça dès demain dans de meilleures conditions. Sonne enfin l'heure de la table ronde « Le Crime est un art » animée par Hubert Artus qui interroge Véronique Chalmet auteur des « Ecorchés » (Flammarion), Gilda Piersanti pour ses saisons meurtières (Le Passage), Joseph Incardona pour son incroyable et saisissant 220 volts (Fayard noir) et Steinar Bragi, représentant des littératures nordiques mises à l'honneur pour ce salon, pour Installation (Métaillié). Ce dernier est traduit en direct par Eric Boury qui n'est pas le traducteur du livre... Allez je n'en dis pas plus, je vous laisse écouter tout ceci dans son intégralité !  L'occasion d'entendre de l'islandais n'est pas courante.



Avant de partir, de reprendre le métro, je passe un petit moment avec Joseph Incardona et Lilas Seewald son éditrice. Nous parlons bouquins. Etonnant, hein ? Au final, pour ce premier jour, je n'ai acheté aucun livre. On verra de quoi demain sera fait, mais une chose est sûre, ça va passer très vite. 

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