Le ciel était bas ce jeudi matin, une sensation d’automne qui perdurerait toute la journée. Huit heures, annonçait France-Info, j’avais pris ma douche et mon petit-déjeuner, j’allais me préparer un petit café supplémentaire que je dégusterais en lisant quelques pages de mon bouquin en cours quand j’ai jeté un œil par ma fenêtre de cuisine. Soudain, j’ai eu comme un vertige.
Devant la porte de mon immeuble, dans l’allée déserte à cette heure relativement matinale, un homme en combinaison blanche intégrale, casquette et lunettes protectrices, scrutait le sol en marchant lentement. Harnaché d’un réservoir dans le dos, relié à un tube mince qu’il tenait devant lui, balayant le sol d’un geste ample et professionnel, la silhouette mystérieuse s’affairait en silence.
Fukushima mon amour ! Le spectre nucléaire me sautait à la gueule, si tôt et sans prévenir, étaient-ce des manières ? Dans ma pauvre tête les évènements se bousculaient, comment était-ce possible, je suivais l’actualité Japonaise pour ainsi dire en temps réel et rien jusqu’à présent ne permettait d’imaginer que notre pays et à fortiori ma région puisse être touchée aussi vite par un nuage radioactif.
Quand le chambard intérieur cessa et que mes yeux débarrassés des lunettes de l’inquiétude purent analyser la situation avec objectivité, tout s’éclaircit. L’homme en bas ne procédait pas à une recherche de radioactivité, il n’était pas là pour nous décontaminer, son job était plus modeste sans être moins utile, il répandait un produit phytosanitaire autour des massifs de plantes et des pieds des arbres.
Rassuré, mon café n’en eut que plus de saveur. J’étais sauf. Pour l’instant.