Les entretiens infinis : avec Auxeméry, 3

Par Florence Trocmé

Pour le principe de ces entretiens, voir la note de présentation.
Lire le premier entretien avec Auxeméry et le second

23 novembre 2008, de FT

Voici d'autres notes prises en vous lisant :

• la question de la nomination

Une forme de lyrisme mesuré, comme rentré qui tel le serpent qu’il évoque souvent se déploie parfois et crache son venin.
Cette remarque à la fin : « parcours du corps lisant et marchant, dans le processus de l’apparition et de la disparition des choses sous les mots » (172). Cette question de la nomination, cette question de l’animation, l’animation par la nomination, ce que nos sens et notre conscience sélectionnent dans l’infinie profusion du monde perceptible (sans oublier ce que notre inconscient sélectionne lui, parfois a contrario, en résistance du conscient, cf. les actes manqués et les lapsus de toutes sortes). Cette façon que nous avons marchant, lisant, parfois réfléchissant, écoutant aussi de faire lever devant nous les images, les idées, les chemins à emprunter (qu’en général nous n’empruntons pas).

• Les poèmes encadrés par le double portique des réflexions, livre d’images-poèmes comme les plaines d’Afrique, immobiles dans leur mobilité, à perte de vue. Je pense parfois Les Animaux industrieux comme un atlas d’autrefois, un atlas pour enfants, où les cartes, mystérieuses, vibrent de ce mystère, sur la page, comme un Rothko vibre et où la cartographie est accompagnée d’une iconographie souvent tout aussi étrange.

• Il y aurait deux moi, le moi d’avant, toujours d’avant, d’avant le poème, l’avant de l’enfance, celui de l’in-expérience [non expérience] et un moi latent, à ad-venir, à rencontrer [passe le double dans Codex ; « là où votre double croise » (C.22) avec un côté bateau fantôme]. Peut-être que l’un des ces moi marche depuis la naissance et que l’autre arrive de la mort, les deux puncti de la vie et qu’en attendant de coïncider, ils se retrouvent dans l’instant(ané) de chaque poème qui est aussi construction d’un monde, d’une image, d’un tout, à l’aide de fils de couleurs pris dans un écheveau passablement embrouillé de voyages, de lectures, de références, de pensées, d’allusions.

• Toujours cette idée de la forme inversée, « es-tu l’autre forme de moi, forme inversée de mon visage », dit-il (C.29). Il y a traque (omniprésence des fauves, des animaux sauvages) puis l’assimilation du « corps mort du désir ». Quelle force en une seule phrase, quel monde dans ce seul tercet : la traque, le fauve, l’assimilation de ce qui est mort. Le désir : faut-il tuer le désir pour l’assimiler, pour l’éteindre ? Le fauve, le prédateur sexuel, mais aussi le terroriste [je viens de lire un diptyque de Jean Birnbaum, dans Le Monde, construit sur les deux figures de René Girard et Peter Sloterdijk, sur la colère, le ressentiment].
Il y a une pratique très intense de l’allitération. 

•Ce qui m’attire aussi dans cette œuvre, c’est que la plupart des poèmes me semblent, sinon inépuisables, du moins difficiles à épuiser en une seule lecture, on a envie d’y revenir, on a envie d’ouvrir telle ou telle porte, de suivre telle ou telle piste…. il semble y avoir de multiples dimensions, ramifications, embranchements, références, allusions, solidement cousus ensemble par le texte, de toute évidence travaillé fil à fil, si je reste dans la métaphore couturière.

Le 25 novembre 2008, d’Auxeméry

Pour poursuivre la discussion selon le même mode, prenons les choses au fur et à mesure…

Et d’abord, cela…. La navigation électronique n’est jamais que le naufrage permanent dans la confusion : on « communique », et on est … « niqué », selon le vocabulaire en usage dans ces temps de misère…
On ne se lira jamais qu’en usant d’un support concret : si l’espèce croit lire quoi que ce soit sur un écran, elle vit dans l’illusion, et c’est bien plutôt l’écran qui la lit, elle – ou la lie, c’est pareil (le lien est une astuce de la bête aux circuits pour ingérer la substance du vivant) : dès que nous allumons cette bestiole sans organes animaux/animés, à laquelle nous faisons nos confidences du bout des doigts, en ajoutant foi à ses impératifs de contrôle (le principe de la cybernétique est de se vérifier en boucle – mais évidemment rien de la vérification de soi du voyageur qui part là-bas se voir et se lire monde vivant sur les lieux où l’autre a ses usages : l’internaute est une créature handicapée, elle est vissée à son siège et ne voyage jamais, ni dans le monde, ni dans soi-même, c’est l’autisme en personne), nous sommes piégés… Nous entrons dans l’horrible gargouillis du google universel qui nous met en dossier, sous la domination des normes qu’il a inventées pour se repaître (normes – ou nornes, pour faire mythologique1, de réduction de tête pensante, bien plus assassines que celles des humoristes Jivaros), nous sommes dévorés et digérés…
D’où ma décision de faire ces petits commentaires à des commentaires sous la forme du document joint, plutôt que celle du message, qui ne communique donc rien que son pauvre soi, et non une substance…

Le serpent : c’est l’intermédiaire habituel pour la communication avec les puissances chthoniennes, le pourvoyeur des rêves terrestres (Bachelard a dû le voir passer dans sa librairie, j’irai voir…). Pensez aux couleuvres d’Esculape, à Épidaure : les clients venaient dormir dans des chambres pourvues d’ophidiens, qui leur permettaient, le lendemain, de se faire soutirer les vers de l’âme par les thérapeutes plus aisément… Évidemment les serpents d’Auxeméry sont plus violents : il y a les crotales invoqués pour la pluie, en les prenant en bouche dans la transe collective dansée, sur les mesas du Sud-Ouest, ou les venimeux mambas d’Afrique, qui sont des gens avec qui on ne discute pas, mais qui parfois ont des bienveillances… Le serpent, c’est la langue qui tue et qui nourrit, en même temps.

« L’animation par la nomination » : je ne suis tout de même pas le premier à dire que les mots confèrent aux êtres et aux objets leur essence vivante…
Vous avez raison, « sens » et « conscience » sont là, dans l’usage de la langue, qui nomme… Je ne vous suis pas très bien dans votre paragraphe, ce sont des développements qui vous sont personnels, et que vous n’avez pas achevés ; laissez donc mûrir… En tout cas, oui, une parle poétique qui n’accouche pas, et de celui qui la profère, et de celui qui l’entend, n’est pas grand chose… (Dans cette affaire, c’est X /Y qui apporte les clés…. J’ai fait un poème (ou quelque chose qui y ressemble), là, d’un texte qui, à l’origine, avait été écrit pour une revue universitaire belge… Tout est dit de la méthode et des fins…)
Mais vous avez une expression curieuse, qui mérite analyse de votre part… L’énigme y est inscrite : « nécessité de se couper etc… »… Précisément, n’est-ce pas « au bord » de cette « ouverture » sur l’ « indéfini » où vous êtes, que commence la résolution ? Que l’accouchement va avoir lieu ? Un gouffre est là, il faut sauter (paraphrasons Hegel : Hic rhodus, hic salta). Il faut mettre le pas dans le vide… et tâter de cette apesanteur.

(Disant cela, je fais du pur chamanisme… Invitation à plonger dans la faille ! – La Pythie délirait assise au bord de la fente sulfureuse, et sa voix portait raison de tout. Le dieu est cruel, il vit caché, et c’est ainsi qu’il est visible… Sa flèche arrache la vie, mais c’est aussi lui qui connaît les onguents qui guérissent. Et la corde de l’arc est aussi celle de la lyre.)

« Livres d’images-poèmes comme les plaines d’Afrique, immobiles dans leur mobilité, à perte de vue » : là, vous êtes gentille, vous avez tout vu… Et surtout, cette idée de plaquer un Rothko par-dessus, oui : un tableau de Rothko, c’est un miroir fascinant, où un monde vous sort de la tête et vient vous regarder… La sérénité ! Par delà toute souffrance…
(J’étais à Sils-Maria, cet été, quelques jours, je faisais mon petit pèlerinage au bord du lac, avant d’aller à Turin, croiser l’Ombre folle du Voyageur – et visiter le musée égyptien – je me remettais de mes opérations – marcher, parler, ensemencer le monde de mots de ferveur (n’hésitons pas à faire le pédant, ici, en allant trouver une formule formulante !!)

(Votre idée du mobile/immobile, elle est pratiquement dans Jung… un chapitre de son autobiographie, où il décrit ses impressions devant le spectacle des bestiaux affairés à vivre et survivre – il parle aussi de ses conversations avec une sorcière/prophétesse africaine… bref, il découvre, ou se confirme à lui-même, que le monde objectif des vivants et celui de la matière intérieure rêveuse sont à l’identique…Que ça remue dans les profondeurs, et que c’est là pour l’éternité, inchangé. Et en effet, on a, nous autres humains, toujours l’image de l’araignée eshlemanienne – celle qui tisse la substance des cauchemars que nous nous appliquons à rendre effectifs : Auschwitz, Hiroshima – dans le coin de la caboche ; ou la bête gravide qui nous allaitera, la vache céleste Hathor ; ou le défilé des ventres et des cornes qui correspondent aux constellations du ciel, et nous gouvernent – nous sommes ce «  on », l’humain collectif, dont les parcelles individuelles combattent pour une image – eidolon, une idole, une « poupée » magique, dit HD dans Hélène en Egypte… la poupée de l’enfance, si vous voulez, en effet… : HD fait dire à Hélène qu’elle avait caché la poupée dans le creux de l’arbre…)
Ceci dit, ce ne sont pas, je pense, mes « cartographie » et « iconographie » qui sont « étranges » : je ne fais que dire ce que j’ai fait et vu et senti dans des lieux connus. N’importe quel touriste peut prendre son billet pour le Brandberg, ou Copán, ou faire sa croisière sur le Yang-tsé… et apporter avec soi son petit volume de vers à se lire le soir après la visite, et son petit carnet de notes… on en fait de très jolis… et ils doivent, de par le monde, être bien emplis d’âneries subtiles, n’est-ce pas ?, au retour des périples modernes… 2

Les deux moi.
Celui d’avant et celui qui est latent.
Oui, si on veut, on peut le dire ainsi.
Celui d’avant n’est pas nécessairement celui de l’enfance, quoique, bien entendu, les circonstances, et en particulier les antécédents de l’enfance, viennent imposer leurs angles de vue : l’oncle instituteur en Algérie, les lectures de Bibi Fricotin, la collection de timbres en 6ème, l’aura d’un professeur… Rimbaud lisait le Magasin Pittoresque… Et moi, je lis encore Elisée Reclus et Humboldt (Cosmos est le beau livre de l’intelligence patiente et tournée vers la résolution de l’énigme de la beauté du monde).
Le moi d’avant est celui qui sait qu’il va revenir mais ne sait pas comment ni sous quel visage.
Le moi d’avant est celui qui (se) dissout dans un réel qu’il n’a pas encore réalisé. Et qui ne l’a pas encore réalisé, lui.
Le moi d’après est devenu objectif, il a perdu toute prétention à être seulement moi, il s’est atteint, et s’est coagulé.
J’emploie les termes de l’alchimie. Ils sont inscrits dans les lignes des textes achevés.
Le poème est sans aucun doute le lieu de cette résolution.
L’écheveau, comme vous dites, n’est pas si « embrouillé » : il ne vous apparaît tel que parce que vous êtes sous le coup de la surprise, mais bon, Auxeméry n’est qu’un mythe en formation… Il se déchiffre avec le temps. On s’habitue, j’y arrive.
Concentration, épuisement, disparition – de tout moi.
Le poète a tous les noms. Il désigne, il assigne, il signe.

Le « double » : il « croise avec son côté vaisseau-fantôme »… Je n’y avais pas pensé.
Le côté « vaisseau », oui, à mon avis ; le côté « fantôme » ?
Pas de mysticisme. Cependant un aspect satori, indéniable… Je parle quelque part de cet instant particulier dans une ville chinoise : ma femme et les amis étaient entrés dans une boutique ; ces amis venaient de me faire signe 10 minutes avant du haut du rempart rouge où nous avions grimpé, j’étais redescendu avant eux ; la boutique m’ennuyait ; je m’étais assis sur le bord du trottoir, des gamins alentour. Les joueurs d’échecs étaient plus loin, derrière le mur, sur le bord du fleuve, sous les saules. Soleil, lumière. Eblouissement ? Ou, rien. Mais rien du tout ! Plénitude vide. Là, le double, oui. Qui croise. D’autres lieux, ainsi, identiques en essence : un condensé -- le Canto d’Assouan (c’est dans le feu l’ombre – un titre chinois, ça aussi, parataxe, verbe = nom), le lézard de Delphes, etc.

Le croisement du double, c’est le moment précis en son lieu déterminé de la condensation du réel. C’est la définition de toute poésie possible. S’explorer. Condenser. Se reconnaître.

J’en écoute un exemple ce matin : Thelonius Monk, Rhythm-A-Ning, concert de l’Olympia, samedi 7 mars 1965.

L’ « écheveau ».
Il est ce qu’il est : une vie comme une autre…
La méthode, par contre : plutôt la « chambre d’échos »… La correspondance constante et universelle.
Il n’y a pas plus de complication dans les barbouillages d’Auxeméry que dans Pound, ou Olson, ou Hésiode, ou Omar Khayam. Ou Ronsard, ou Valéry. Il faut simplement avoir quelques dictionnaires dans la tête (ou sur les tables, ou dessous… Dans mon cas… on marche dessus…)

La « forme inversée », le « corps mort du désir » : l’appétit vient en mangeant, ou en baillant… C’est dans Hésiode.
C’est la faille originelle, qui s’appelle chaos…
Une grande gueule s’ouvre, le monde naît. Les dieux dévorent, ils sont tués par des dieux plus … humains, qui rejettent les ombres des géants dans le fond des fonds. La bouche d’ombre continue cependant à hanter. La mort est la vie qui se perpétue. Ce sont là les lieux communs.
Il ne faut pas « tuer le désir pour l’assimiler » : ce qu’on assimile c’est du soi pris sur l’autre, qui est soi, aussi… Tuer est aimer vite. Ivresse.
Le fauve, le prédateur sexuel, le terroriste… ?
N’assimilons pas trop, toutefois !!!
J’hésiterais à parler de « colère » ou de « ressentiment » à propos des ouvrages d’Auxeméry – je veux dire : je ne sais pas si le parallèle avec Girard/Sloterdijk est pertinent…
Du moins je n’ai pas les éléments pour juger de cette pertinence ou non.
Mais en effet peut-être… sauf que dans mes livres je ne veux parler que de beauté… terrible, sans doute, mais beauté.

L’Allitération.
Discrète, non constitutionnelle.

Les poèmes « inépuisables »…
Que dire ?
C’est bien le moins…
Si un poème ne procure pas une émotion renouvelable, où est le sens du jeu qui met en œuvre ?
« Envie d’ouvrir telle ou telle porte, de suivre telle ou telle piste… » : ils ont été composés dans cette intention-là.
Chacun est autonome, et chacun renvoie à une parcelle du terrain exploré ailleurs, qui fait écho. Cela est dit explicitement à un moment donné, lorsqu’on saute d’un lieu à l’autre (du Brandberg à Oraibi). A vrai dire, qu’un Auxeméry, mythe en formation permanente aille se balader pour son plaisir des plateaux indiens aux abris sous roche dans les montagnes (pourries de crétins entouristés, et de types en 4X4 à fusils automatiques) de Namibie, de la boucle du Niger au sommet du Tai-shan, ça n’a à peu près aucune espèce d’importance…
La bibliothèque et la table de travail sont les véritables lieux de l’accomplissement : la patience, le retour sur soi, la destruction de toute parole fausse, et la construction des pages selon des règles, qui s’inventent à la fois dans l’urgence (la mort est au cœur) et dans l’attente (la vie est autour). Et qui sont de l’algèbre rythmée.
Le tout (le rien du tout) est de parvenir à en faire une parole humaine audible, et résonnante.
Travail fil à fil, dites-vous, pour employer une « métaphore couturière ».
Voilà bien le tout, aussi : un « rhapsode » est un tisseur de mot, dit l’étymologie ; et l’aède (le chanteur, celui qui a pénétré dans la bouche d’ombre, qui est allé voir dans le puits de la grotte l’animal qui rend fou l’humain – le sorcier de Lascaux est mort et en érection, près des excréments d’un animal sauvage qui fonce vers quoi ? -- dans l’obscurité des tréfonds, sous la voûte céleste !) écrit des chants qui sont des « rhapsodies ». 3


1 Les Nornes sont les Parques de la mythologie norroise qui, sous le feuillage du chêne Ygdrasill, l’arbre du monde, tissent le destin des jours des hommes – passé, présent & futur. J’en parle parce qu’en olsonien constant, je les fréquente tous les jours moi-même ! Et parce qu’elles tissent, nous verrons pourquoi plus bas… quand nous parlerons couture…

2 J’ai mes carnets, mes appareils d’enregistrement photographique, mes bouquins… ma bibliothèque ne me quitte jamais, c’est elle qui nous permet de subsister, non ? Tenez, Jung – Psychologie et Alchimie, ou un autre – je le lisais dans une tente située sous un acacia déplumé où venaient pisser et déféquer toute la nuit les cynocéphales, au bord de la rivière Mara ; la journée c’était la contemplation des plaines homériques, la nuit la douche odorante et sous la lampe la prose de l’herméneute… A Olympie, j’ai acheté les œuvres complètes de Séféris, que je traduisais au fur et à mesure des journées, et que j’ai lu pour les camarades un soir dans le petit théâtre de Gythion, là où Paris et Hélène se sont connus bibliquement la première fois dans leur fuite ; en Grèce – autre tour – je refaisais des poèmes chinois du précédent voyage ; et en Chine, je me suis posé une après-midi dans les jardins de Tu Fu, pour une lecture à haute voix, une fois de plus : j’avais mon Demiéville dans la poche, et je l’ai filé au guide après (le pauvre gars était en manque : on ne trouve rien dans les librairies de l’Empire) – généralement j’ameute très bien les compagnons ou les auditrices complaisant(e)s, je les repère dès la montée dans l’avion et les suborne facilement ; en Iran, dans le désert, je pondais régulièrement mes versions de Saadi ou Hafiz et les récitais devant leur tombeaux – pas de mal à ça, le Iraniens eux-mêmes connaissent des kilomètres de leurs poètes et les récitent pour la foule assemblée, quand l’envie leur en prend, c’est-à-dire tout le temps… Si les compagnons intérieurs ne sont pas là, à me parler, je ne vois pas à quoi sert le voyage… Le double que croise Segalen en revenant du Thibet où il n’est pas allé, c’est lui-même.

3 Une anthropologue vient de montrer que les animaux inscrits sur la voûte de Lascaux et des autres grottes ornées de la même façon, sont en fait les signes zodiacaux de nos parents éloignés… Des calendriers symboliques, des livres de consultation du destin… Et je pense à mon ami Eshleman, encore lui, qui remarque qu’on a découvert Lascaux au moment où l’on inventait la mort atomique en grand… Il aurait pu rajouter qu’on inventait aussi le moyen de contrôle cybernétique, l’espionnage universel, et la manipulation des consciences, et la fascination de l’espèce pour la fin de l’espèce – l’exhumation des civilisations disparues pour les mettre aux musées, l’antichambre de la disparition définitive… – Les traducteurs disent « chants » pour Homère : je ne connais que Leconte de Lisle qui dise, comme l’Aveugle, « rhapsodie »… Il a raison.