Il existe des moments rares où l’Histoire s’écrit. Je me souviens du discours prononcé par Dominique Villepin en 2003 devant le Conseil de Sécurité de l’ONU dans lequel il opposait une fin de non recevoir aux velléités des Etats-Unis pour une intervention armée en Irak. Une intervention armée souhaitée sur la base d’informations qui se révéleront quelques années plus tard comme erronées voire mensongères.
Hier soir, nous devions être nombreux à attendre le résultat d’un vote incertain de ce même Conseil de Sécurité. Une résolution portée et initiée cette fois-ci à la demande de la France pour la mise en place d’une zone d’exclusion aérienne ouvrant la voie à des frappes contre les troupes du Colonel Kadhafi en Lybie.
Une fois n’est pas coutume. Le président de la République a eu raison de prôner l’intervention en Lybie sous un mandat clair délivré par les Nations-Unies.
Personne ne peut se prévaloir d’une nature va-t-en-guerre. Lorsque la voie diplomatique permet de s’en dispenser, elle épargne des pertes humaines civiles ou militaires toujours trop lourdes à porter. Si la guerre reste toujours la plus mauvaise des solutions, elle s’impose parfois lorsque les circonstances l’exigent.
A la différence de la Tunisie ou de l’Egypte où ces peuples ont réussi à conduire leurs révolutions jusqu’à leur terme, le peuple libyen s’oppose depuis plusieurs semaines à l’arrogante résistance d’un Colonel Kadhafi prêt à le sacrifier pour demeurer en place.
La position d’observateur de la communauté internationale n’était plus tenable. Laisser perpétrer ces crimes en toute impunité l’aurait conduite au déshonneur. Le peuple libyen a souhaité se libérer du Colonel Kadhafi sans y parvenir seul. Il était du devoir de la communauté internationale et de la Ligue Arabe en priorité, d’apporter leur concours à cette aspiration légitime de changement.
Les innocents n’ont pas à payer le prix des délires paranoïaques d’un dictateur en fin de règne.
Certains s’attardent sur l’idée d’une victoire diplomatique (et politique) de Nicolas Sarkozy et des bénéfices qu’il pourra en tirer. Je me contente de penser que la France, patrie des Droits de l’Homme, assume aujourd’hui le devoir qui est le sien.
A la manière de Georges Henein : « Il existe des guerres justes. Mais le propre des guerres justes est de ne pas demeurer longtemps ».