La Libye vient brutalement de repasser sur le dessus de la pile de l’actualité mondiale. Eclipsé par le rayonnement de la catastrophe japonaise, le difficile combat d’un peuple luttant pour sa liberté a connu cette nuit un nouveau tournant. Désormais, par le vote de la résolution 1973 par le Conseil de sécurité de l’ONU, l’usage de la force est possible pour protéger la population civile des exactions de son dictateur, en passe de reprendre la main sur l’intégralité du territoire libyen. Une résolution bien tardive pour être efficace.
En fait, cette résolution reste avant tout symbolique. A la manoeuvre, on trouve principalement la France, les anglais et la ligue des pays arabes. Elle permet ainsi d’exonérer les puissances occidentales de leurs responsabilités, se prémunissant notamment contre les reproches de n’avoir rien fait après avoir consciencieusement soufflé sur les braises…. Elle est surtout trop tardive. Elle intervient après d’interminables rencontres et palabres à répétition, où de nombreuses oppositions se sont manifestées. Pendant ce temps, les libertaires libyens battaient en retraite un peu partout, en passe d’être quasiment écrasés. Mais en l’absence de la Chine, de l’Allemagne et de la Russie qui se sont abstenues, des Etats-Unis déjà englués ailleurs, on ne voit pas trop qui va mettre la main à la poche pour mobiliser les moyens militaires nécessaires à la mise en oeuvre de la résolution. La France doit déjà se débattre pour payer son déficit abyssal et éviter la dégradation de sa note sur les marchés. Déployer avions et logistique reviendrait à gratter encore plus le fond d’un bas de laine vide et usé jusqu’à la corde, ce que beaucoup, en période de vaches anorexiques, ne comprendraient pas.
Ce qui est depuis longtemps incompréhensible, c’est le soutien inconditionnel que la France a manifesté au dictateur, tantôt clown, tantôt terroriste, pourvoyeur de pétrole (un peu moins de 10% de son approvisionnement), également client potentiel de plein de choses mais resté depuis longtemps à l’état de «potentiel»… Alors, si l’attitude de l’homme de la rue envers le mutin libyen peut paraître un rien égoïste, elle n’est rien à comparer de la double peine que leur inflige nos vaillants ministres et parlementaires de l’actuelle majorité, n’hésitant pas à remettre dans un bateau ceux qui, au péril de leur vie, ont ou vont franchir la méditerranée pour échapper à la vengeance barbare d’un fou dangereux notoire…
Chacun chez soi, et les moutons seront bien gardés.