HORREUR BOREALE de Asa Larrson

Par Phooka @Phooka_Book


Editions Folio policier385 pages7,30 euros
Présentation de l'éditeur:
Une ferveur religieuse sans précédent s’est emparée de la petite ville minière de Kiruna, en Laponie, depuis que le charismatique Victor Strangård, le Pèlerin du Paradis, a survécu à un terrible accident et est revenu d’entre les morts. Pourtant, un matin, il est retrouvé sauvagement assassiné et mutilé dans l’église de la Force originelle où il officiait. Sanna, la fragile sœur de Victor, demande à son amie d’enfance, Rebecka Martinsson, avocate fiscaliste à Stockholm, de venir la soutenir et l’aider à échapper aux soupçons de la police. Rebecka, aux prises avec son passé et menacée par les disciples de cette communauté religieuse qu’elle a fuie, doit prouver l’innocence de Sanna au nom d’une amitié depuis longtemps brisée...
L'avis de Phooka:
Voilà un polar bien sympathique à lire, même si il faut quand même garder que c'est un premier roman, et que certaines choses pourraient être améliorées. Il n'en reste pas moins que définitivement cette jeune auteur a du talent.
Moi j'adore les polars suédois de par leur contexte. Comme toujours la météo est épouvantable, neige, froid et froid et neige et neige et froid etc... Asa Larsson (désolée je ne sais pas comment faire le petit rond sur le A majuscule..) nous fait pénétrer dans l'intimité des foyers, dans un petit village situé aux confins de la Laponie et franchement cette partie est passionnante! Elle nous fait rencontrer énormément de personnages tous très "spéciaux" et tous ayant un rapport proche ou lointain avec le défunt (retrouvé massacré dans une église je le rappelle si vous n'avez pas lu le résumé! :)). Et c'est là que pour ma part j'ai un peu "coincé". Dans ce petit village règne une "église", on pourrait aussi appeler ça une secte, dont les agissements sont publics et pourtant dans cette église semble régner une noirceur sous-jacente assez immonde. Et c'est l'Omertà, personne ne dit rien, tout le monde semble trouver ça "normal"  et ça m'a mis franchement mal à l'aise! D'où mon sentiment un peu mitigé, qui en fait ne devrait pas l'être car justement l'auteur a parfaitement retranscrit cette impression de "choses cachées", de "lourdeur" et de non-dit.Côté personnages, comme la plupart ont de près ou de loin des liens avec cette église, ou alors s'ils n'en ont pas ils ne la condamnent pas, on a du mal à les aimer et ils sont difficiles à cerner. La météo semble affecter les sentiments en les gardant tout aussi froids que la température extérieure (soit dit en passant ça m'a fait sourire quand l'héroïne se lève un matin où il fait "doux", la température étant remontée à..-15°!)).
Rebecka qui a fuit le village longtemps avant, pour devenir "avocate" à la ville va revenir pour défendre son ancienne "amie" (vous comprendrez les guillemets en lisant le livre), Sanna, accusée du meurtre de son frère. Elle va y retrouver tous ses souvenirs de jeunesse et ils ne sont pas tous bons...On comprendra par petites touches, qu'elle aussi a eu fort à faire avec cette fameuse église.J'ai eu quand même du mal à entrer en empathie avec des personnages qui tous se lèvent entre 4 et 5h pour être à 5h30 au boulot (6h pour les fainéants!) :)))  Et puis avouons le quand même:  vu le nombre des personnages et ma mémoire de poisson rouge (spécialement pour ce qui concerne les noms des gens), j'ai eu  du mal à me mettre en tête tous les protagonistes de cette histoire (déjà que je ne me souviens jamais des prénoms des copains de mon fils, alors vous imaginez avec les noms suédois!! ) et j'ai du coup un peu galéré dans les premiers chapitres.Mon personnage favori (et que j'aurais aimé voir un peu plus encore) c'est Anna-Maria, la policière, enceinte jusqu'au yeux et qui me faisait beaucoup penser à la sheriff de Fargo des frères Coen...Voilà comment elle est décrite à un moment dans le livre:
« Le substitut serrait les dents à sen faire péter la mâchoire. Il n'avait jamais supporté cette naine de policière. On aurait dit quelle tenait en laisse ses collègues masculins. Vu son apparence, il n'arrivait pas à comprendre comment elle faisait. Haute comme trois pommes et un beignet, maximum 1,50 m, son long visage chevalin semblait constituer la moitié de sa personne. Avec son gros ventre , elle était maintenant bonne à montrer dans les foires. Un vrai mètre cube, aussi large que haut : résultat de générations d'endogamie dans les villages isolés de Laponie. »
Ca j'adore!! :))Elle est vraiment très réussie et j'aimerais la retrouver dans d'autres polars.
Ce qui est sûr par contre c'est que le style de l'auteur est fluide et très agréable à lire. Elle a un don certain pour raconter des histoires, et pour faire vivre les personnages avec un réalisme étonnant.
En fait, il faut voir ce roman, non pas comme un "polar" ou un livre sur "l'église" mais comme une série de portraits entrecroisés de personnages assez particuliers vivants au fin fond de la Laponie "moderne". Ces personnages doivent apprendre à vivre avec une météo épouvantable, mais dont visiblement ils ne font que peu de cas et avec une église extrêmement présente et dominatrice. L'enquête est évidemment le fil conducteur qui mène d'un personnage à l'autre mais finalement elle est presque secondaire par rapport au récit. Il ne faut donc pas s'attendre à un "polar classique", ce qui était mon cas d'où un léger sentiment mitigé. Le polar est un prétexte pour parler des gens...
Je finirais par une pensée émue pour Tjapp...(m'en fiche je ne vous donnerais pas plus de détails)