Lait à la mélamine, voitures à la solidité douteuse, contrefaçons en tous genres, et dernièrement cette sale affaire de porcs artificiellement gonflés ne sont que quelques-unes des casseroles bruyantes que traîne l'industrie chinoise. S'il est évident qu'elle sait faire autre chose que ces quelques exemples, il n'empêche que cette image de « mauvaise marque » colle à la peau de ce pays. On peut même se demander parfois si elle ne l'entretient pas plus ou moins volontairement, ne s'appuyant que sur le potentiel de clientèle et sur les bénéfices tirés des exportations contrôlées par des firmes étrangères et par des salaires défiant toute concurrence ainsi que par les importations dégageant de confortables marges sans trop de tracas.
Les domaines du lait en poudre, des véhicules automobiles, de l'alimentation pour animaux, des produits d'entretien, de la pharmacie et bien d'autres sont aux mains de sociétés plus ou moins étrangères faisant de la Chine le plus grand supermarché du monde. Les Chinois que l'on dit nationalistes ne le seraient donc plus, ou nettement moins, lorsque la qualité de leur vie quotidienne est mise en cause par ces produits de qualité médiocre, et parfois dangereux.
Si une prise de conscience peut avoir lieu, celle-ci ne peut venir que des seuls dirigeants or, ce n'est guère leur intérêt de tirer la sonnette d'alarme. Les produits fabriqués sur son territoire le sont grâce à des investissements directs considérables et la plupart des entreprises étant bénéficiaires elles reversent à l'état impôts et taxes qui alimente les caisses. Même les importations, pourtant perçues comme une tare par bien des pays, ont tendance à augmenter en raison de la demande de la clientèle ainsi que par la baisse des taxes liées à celle-ci. Là encore, les responsables chinois visent la quantité en se disant que plus il y aura d'entreprises étrangères désirant vendre en Chine, plus le nombre de sociétés taxées sera important. Si un produit est en effet taxé à hauteur de 40 %, les sociétés se montrent réticentes à venir ce qui crée des oppositions liées aux règles du commerce international. Si par contre ces taxes passent de 40 à 10 %, le gouvernement semble ouvrir les portes de son pays, multipliant ainsi le nombre de produits entrant, ce qui se révèle bien souvent plus rentable que des taux plus élevés. Dans ce cas, la Chine passe alors pour un bon élève et peut à son tour exporter ses produits qui s'ils ne rapportent pas grand-chose en terme de taxes, garantissent l'emploi ce qui est aux yeux de ce régime bien plus important.
En fin de compte qui est perdant ? Personne, du moins pour l'instant. Les exportateurs chinois s'enrichissent, les importateurs bénéficient du potentiel de clientèle qui manque dans leurs pays d'origine et le gouvernement chinois tire de tout cela assez pour faire évoluer le pays dans le même temps que celui-ci prend une place prépondérante sur la scène internationale. Existe-t-il un risque ? Oui, celui que les portes se ferment pour des raisons majoritairement politiques, ce qui explique d'ailleurs certaines courbettes plus ou moins voyantes de la part de certains dirigeants occidentaux. Voir revenir des industriels accompagnés de leur coûteux encadrement ferait sans doute grimacer bien des responsables politiques n'ayant rien à offrir d'autre que le plan d'accès au Pole Emploi le plus proche.
Ceci s'avérerait d'autant plus dangereux qu'entre temps la Chine aurait beaucoup appris, serait devenu incontournable dans bien des fabrications, ce qui lui permettrait de poursuivre son business, mais cette fois à son seul compte. Est-ce prévisible ? Absolument pas. Pour l'instant, les portes sont ouvertes, s'ouvriront même sans doute davantage, mais attention de ne pas rester avec les doigts coincés, car cela est toujours très douloureux.