Fermons les yeux et imaginons le scenario suivant :
Un joueur, jeune et talentueux, ronge son frein dans un club de milieu de tableau. Après avoir, quelques semaines auparavant, affiché son amour dudit club et son souhait de vouloir tout faire pour le sortir du marasme dans lequel il se trouve, ce joueur aspire désormais à changer d'air.
La faute aux résultats du club, évidemment, bien loin de satisfaire les ambitions légitimes que nourrit ce jeune joueur, lui qui a déjà goûté aux honneurs du maillot tricolore. La faute, également, à l'encadrement qui ne l'a pas suffisamment (à son goût) aidé à retrouver le niveau qui était le sien lorsqu'il fut appelé en équipe de France. La faute, enfin, à ses coéquipiers qui ne semblent pas aussi impliqués que lui pour redonner au club son lustre d'il y a encore peu.
Donc, ce jeune joueur regarde ailleurs, en particulier vers un club prestigieux, à l'ambiance sans équivalent, qui collectionne les stars et dont les ambitions sont à l'unisson de celles du jeune et talentueux international. Aussi, ce dernier demande à son président de le libérer des années de contrat qu'il lui reste pourtant à honorer.
On s'interroge. Jusqu'où ira le joueur dans le bras de fer qu'un refus de son président de le laisser partir pourrait provoquer ?
La question se pose avec d'autant plus d'acuité que les finances du club ne sont pas au mieux. Les résultats médiocres qui s'enchaînent depuis quelques temps ne permettent pas aux dirigeants de recruter comme ils le voudraient. Pire, ils vont peut-être devoir laisser partir certains joueurs. C'est d'ailleurs là la chance de notre héros, que la conjoncture économique du club pourrait servir.
Il reste néanmoins un espoir pour le club. Celui d'une qualification pour la prochaine édition de la plus prestigieuse (et lucrative) coupe d'Europe. Cette qualification passe par une victoire dans la "petite" coupe d'Europe, un titre que le club est en course pour disputer. En étant qualifié pour la "grande" coupe, il améliorerait sensiblement son budget prévisionnel et pourrait même conserver ses meilleurs joueurs.
Mais pour cela, il faut compter sur la mobilisation de tous, en particulier des joueurs. Voilà un cruel dilemme pour notre héros. En aidant le club à remporter la coupe, il pourrait bien desservir son objectif de partir vers d'autres cieux. D'un autre côté, il ne peut pas se résoudre à tromper ses camarades et déjouer, ayant alors à inventer quelque mensonge pour masquer le vrai motif de son comportement...
Rouvrons les yeux et réjouissons-nous que ce scénario improbable ne concerne pas le rugby professionnel, dont les valeurs n'autorisent pas de tels comportements. On n'est pas au foot, n'est-ce pas ?
Bien sûr, toute ressemblance avec des événements réels passés ou à venir serait totalement fortuite...