Communiqué du RAC (Rassemblement Anti Chasse)
Agrément de « protection de l’environnement », prosélytisme en milieu scolaire, possibilité de chasser dans les zones sans chasse, etc. : l’imposture de la chasse progresse.
La Fédération Nationale des Chasseurs (FNC) a organisé le 15 et 16 février derniers les « Etats Généraux de la Chasse », un évènement regroupant plus de 400 responsables du monde de la chasse et quelques politiques dont Madame Kosciusko-Morizet. Un objectif clairement défini de cette réunion était « d’identifier les stratégies les plus pertinentes pour que la chasse française, qui redevient tendance, améliore encore son image » pour déterminer les actions à mener pendant les années à venir.
En effet, le nombre de chasseurs diminue chaque année, tandis que leur moyenne d’âge ne cesse d’augmenter, atteignant bientôt les 60 ans. Face à la chute de leurs effectifs et voyant leur activité de plus en plus contestée, les chasseurs s’inquiètent de leur avenir.
Les deux principales stratégies retenues semblent être les suivantes :
-Se faire passer pour des « protecteurs la nature », afin que les Français-es cautionnent leurs actes ;
-Recruter de nouveaux chasseurs, notamment des jeunes en organisant des interventions en milieu scolaire.
Ainsi qu’elle l’avait annoncé au cours de son discours lors des Etats Généraux de la Chasse, Madame Kosciusko-Morizet vient de délivrer à la FNC l’agrément de « protection de l’environnement », dans un arrêté du 3 mars 2011 paru dans le JORF n°0059 le 11 mars. Alors que le préjudice écologique causé par la chasse est très important, que les chasseurs sont systématiquement opposés aux mesures de protection de la biodiversité et en conflit quasi-quotidien avec les écologistes, les voilà désormais reconnus officiellement comme des « Protecteurs de l’environnement » ! Madame Kosciusko-Morizet, qui n’ignore pourtant pas que chasse et protection de la nature sont incompatibles, aurait-elle quelques ambitions politiques pour se montrer aussi servile envers son électorat chasseur.
En mars 2010, une convention signée par les ministères de l’Education Nationale, de l’Ecologie et la FNC, a permis aux chasseurs de pouvoir entrer dans les écoles pour dispenser une désinformation scandaleusement trompeuse sur les équilibres naturels la faune et la biodiversité. Il est vrai qu’à l’heure actuelle rien n’arrête les groupes d’intérêts, les lobbies. Ainsi le monde de la chasse a donc lancé depuis quelques temps une véritable entreprise de prosélytisme dans les écoles, les collèges et les lycées professionnels, destinée à faire accepter la chasse par les enfants et à recruter de futurs chasseurs. Au cours des Etats Généraux de la Chasse, dans les stratégies à retenir, il fut notamment indiqué de « Susciter chez les très jeunes (9/11 ans) un éveil à la nature associé à la chasse » et « Trouver un porte-parole charismatique et emblématique de la chasse, personnage médiatique en qui les jeunes puissent s’identifier ». En réaction, un Collectif d’associations intitulé « Non aux chasseurs dans les écoles » a vu le jour afin de dénoncer ces incursions inacceptables et violant le principe de neutralité.
Ainsi, conseillé par son lobbyiste attitré Mr Thierry Coste qui se présente lui-même comme un « manipulateur d’influence», le monde de la chasse se professionnalise dans l’Eco-Blanchiment, procédé consistant à donner à l'opinion publique une image écologique responsable d’une activité ou d’un produit que ne l’est pas.
Par ailleurs, le monde de la chasse, fortement structuré et influent jusque dans les plus hautes sphères de l’Etat, obtient tous les deux ans environ le vote d’une loi lui octroyant de nouveaux privilèges.
64 députés conservateurs viennent récemment de déposer une nouvelle proposition de loi. Celle-ci prévoit, entre-autre, de dispenser d’impôts fonciers les propriétaires de plans d’eau de chasse et platières. Quand on sait à quel prix se louent les huttes de chasse, on peut apprécier l’ampleur du cadeau fiscal ! La proposition de loi prévoit également de permettre aux Préfets d’autoriser les chasseurs à chasser dans les propriétés privés où la chasse était interdite par le propriétaire !
L’alliance de CPNT, parti politique des chasseurs, avec l’UMP en 2009, ne laissait aucun doute. Il est temps que cette imposture cesse. La chasse, activité rejetée par la majorité des Français-es, n’a plus sa place dans notre société qui souhaite partager les valeurs du respect de la vie sous toutes ses formes et la protection de la biodiversité.
La chasse peut et doit disparaître pour être remplacée par une instance départementale qui permettra d’établir, dans une approche pacifique fondée sur la prévention et la protection, les conditions d'une cohabitation harmonieuse entre la vie moderne et les espaces naturels et la faune, ainsi qu’être le carrefour d’une représentation équilibrée des intérêts de l’ensemble de la population.