Le siège de La Rochelle va durer plus d’un an, de septembre 1627 à octobre 1628. Malgré le soutien de la flotte anglaise tenue à distance au large de l’Ile de Ré, la ville est progressivement mise à l’écart des ravitaillements et inexorablement affamée.
Témoin direct des affres que traverse la ville, Mervault circule dans un décor de désolation… Rue des Petits Bancs, les cariatides grimacent. Autour de lui, bêtes sauvages noyés sous des oripeaux humains, des malheureux affamés guettent l’espace de la rue, se jettent sur tout ce qui bouge, animaux domestiques, chevaux, ânes, rats, vers de terre, asticots. Sur un petit calepin en cuir qu’il mord pour tromper la faim, il note, à la date du samedi 21 octobre 1628 :
«Il ne restait plus ni herbes, ni limaçons aux champs ; le recours était à tous les objets de cuir et de parchemin ; on mangeait du bois pilé, du plâtre, de la terre, de la fiente (ce que j'ai vu de mes yeux), des charognes, des os, que les chiens avaient autrefois rongés (...) »