Eau tiède

En lisant avant-hier l’excellent blog Ruminances , j’ai  été frappé par cette phrase qui résume bien ma pensée. Parlant de M. Aubry: “Pourquoi ne s’inspire t-elle pas des idées de chacun : la réforme fiscale de Hollande, la 6ème République de Montebourg, des politiques de l’emploi de Royal ?”, rajoutant “Oui, pourquoi ?… Pendant qu’on y est, c’est d’actualité, tous ces magiciens pourraient nous toucher un mot sur la politique du nucléaire !…”.

J’y rajoute néanmoins un bémol: autant j’apprécie la VIème république version Montebourg, autant la réforme fiscale version Hollande ou la politique de l’emploi de Mme Royal ne me semblent guère plus chaudes. Je préfèrerais de beaucoup la réforme fiscale proposée par Th. Piketty et des propositions pour l’emploi favorisant résolument les PME, les économies sociale et verte et des services aux publics.

Ruminances poursuit: “Un débat franc et massif, ce que la gauche n’a pas connu depuis des lustres, entre toutes les composantes de sa culture, est-ce trop demander ?… Un programme qui soit autre chose que l’application des consignes du FMI, est-ce trop exigeant ?… Ne pouvons-nous pas imaginer qu’une force aussi importante que celle de la gauche puisse inventer une autre manière de vivre ?… Ne pouvons-nous pas penser une société débarrassée de la nocivité parasitaire des bankster et autres boursicoteurs de la pire espèce ?… Ne pouvons-nous pas concevoir un débat politique d’où serait exclue la notion du pouvoir pour le pouvoir ?…” …

Quand on voit les bouleversements introduits depuis 1982, tous au bénéfice des plus aisés, hormis la CMU et les 35 heures, on se dit qu’il manque au PS, mais plus généralement aux socio-démocrates européens un vrai programme politique de gauche qui dépasse les promesses électorales et le flou, un vrai programme de justice sociale qui seul pourrait faire digérer l’austérité à laquelle nous serons soumis pour encore une dizaine d’années et qui prépare à la crise énergétique et des matières premières qui s’annoncent. Non pas de l’analgésique, mais des vitamines et la disparition des poches de mauvaise graisse.

A la place, si l’on écoute au delà du verbiage: de l’eau tiède, quand ce n’est pas, avec les Congrès de Reims et les Bouches du Rhône, de l’eau de vaisselle. Le PS n’offre pas au pays l’alternative de gauche, innovante, créative, ni le renouvellement qu’attend la population, ni dans son discours, ni dans ses propositions, ni dans ses candidats. On ne peut comprendre la montée du FN sans prendre aussi en compte ce facteur d’un PS atone, espérant, au mieux, récolter une partie des votes anti-Sarkozy, et des élus.

Et ce n’est pas, hélas, la lecture des tracts électoraux des candidats PS aux Cantonales qui me permettrait de changer d’avis, ni le fait de savoir que 84% des candidats du Front de Gauche aux Cantonales ont leur carte du PCF (Le Monde), bref, du vrai renouvellement..

Nous parlons depuis quelques temps, avec quelques amis d’essayer de lancer, avec quelques autres bonnes volontés des “Etats Généraux des militants de la gauche niçoise”, excluant les apparachiks et autres rats dont l’intérêt est à gauche. Il me semble que ce serait une idée qui pourrait être intéressante et qui dégagerait vraisemblablement quelques pistes porteuses d’avenir, ne serait-ce que pour les Municipales.

- Une interview de P. Jorion: “”Le capitalisme à l’agonie”… et après?”, L’Expansion. “Marx se distingue effectivement des économistes modernes car il est le seul à envisager la possibilité que le capitalisme puisse disparaître. Là où nos visions diffèrent, c’est sur l’analyse des causes de sa disparition. Marx l’explique par une baisse tendancielle du taux de profit. Or on constate aujourd’hui qu’au contraire les taux de profits augmentent fortement. La fragilité du capitalisme vient à mon avis plutôt de déséquilibres profonds qui ont à voir avec l’absence des ressources là où elles sont nécessaires, absence qui entraîne la croissance du crédit, qui entraîne à son tour la concentration du patrimoine”.

- Fukushima: les éléments de langage de C. Proglio, L’Expansion.

- François Dubet: “La jeunesse : sacrifiée ou enfermée ?”, Le Monde.

- Marseille: “Les liens entre les deux frères, Alexandre et Jean-Noël, sont au coeur de l’enquête judiciaire”, Le Monde.